N°8 / Les usages problématiques des mots du mal

Le national-socialisme a-t-il produit une pensée, est-il le produit d’une pensée ?

Jacques Aron

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« Chaque race a son âme, chaque âme sa race »

Alfred Rosenberg, Le Mythe du XXe siècle[1]

 

Une conception de l’histoire

Le présent article m’a été inspiré par la recension parue dans le numéro 7 (juin 2016) de notre revue des Journaux 1934-1944 d’Alfred Rosenberg, l’un des principaux dirigeants nazis condamné à Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Plus de soixante-dix ans après la capitulation du IIIe Reich, il ne se passe pas de jour sans que ne paraissent encore de nouveaux documents, des commentaires ou de nouvelles interprétations des publications et des faits relatifs à ce régime qui a bouleversé l’Europe, voire le monde. La référence à ce moment historique est souvent devenue l’échelle de mesure à laquelle sont confrontés tous les événements ultérieurs, imposant ainsi au lecteur, non seulement des connaissances accrues, mais aussi une capacité critique d’appréciation, une véritable boussole méthodologique pour distinguer le principal de l’accessoire, pour relativiser chaque fait ou document, pour le situer chronologiquement dans son contexte et éviter ainsi le piège trop fréquent de la lecture rétrospective déformante. Chacun, partant nécessairement de ses connaissances et souvent de son expérience singulière, n’a que trop tendance à vouloir les valoriser et à se croire détenteur des clés de lecture du passé.

J’appartiens encore à une génération qui a vécu la tragédie nationale-socialiste et n’y a survécu que par hasard. Je suis né dix mois après que Hitler soit devenu chancelier du Reich, puisque l’on appelait encore ainsi la république. En 1946, Rosenberg fut pendu pour ses crimes, lui dont un grand écrivain et journaliste français, résistant, écrivait lors du procès :

« Car ces hommes qui ont tyrannisé et meurtri tant de peuples, ces hommes qui ont tant parlé de courage, de superbe, de race régnante et de sang souverain, ces hommes sont presque tous de lamentables prisonniers. Sans bravoure, sans force intérieure, sans dignité. […]

Ils sont lâches comme Rosenberg, bourreaux des provinces russes occupées, qui à l’instruction mentait, se contredisait, se décomposait, le front moite de sueur. »[2]

Soixante-dix ans après, faut-il retoucher ce portrait ? Dans ces grandes lignes, sans doute pas, mais ne vaut-il cependant la peine d’y regarder de plus près, ne fût-ce que pour saisir mieux ce que fut le nazisme dans ses multiples facettes, et le repenser à la lumière des questions qui se posent aujourd’hui à l’Europe, car c’est aussi d’un projet européen qu’il s’est agi, dont les séquelles sont loin d’avoir disparu.

Confrontés aux défis du présent, l’histoire des hommes est la seule expérience que nous puissions analyser collectivement, pour tenter de nous comprendre en tant qu’espèce socialement organisée, mais à condition de le faire sur la base de principes rationnels clairement énoncés. Telle est à mes yeux la seule méthode de connaissance du réel, même si nous savons pertinemment que, d’une part, l’objet de notre recherche est ici complexe et mouvant, et que, d’autre part, les hommes sont loin d’être mus par leur seule faculté d’entendement ; besoins, désirs et intérêts y tiennent leur rôle. Objets et acteurs de leur propre histoire, les hommes se trouvent depuis la nuit des temps confrontés à la dialectique de leur détermination naturelle et sociale, et de leur libre arbitre relatif, oscillant entre deux pôles qui, sous des formes et des appellations changeantes, ont façonné la bipolarisation de notre pensée : disons pour faire simple (?), entre esprit et matière, entre individu et société, entre nature et culture, etc. Qui ne s’est fait au préalable – a priori, comme disent les philosophes rationalistes, ce qui ne signifie pas « arbitrairement » – une opinion sur le poids de cette bipolarité de l’animal social pensant échappera difficilement à la surévaluation de l’un ou de l’autre facteur, au vieux débat de la poule et de l’œuf, plus savamment de l’essence et de l’existence. Pour me faire mieux entendre et dans le cas qui nous occupe, Alfred Rosenberg vient au monde – au sens propre autant que figuré – au cours d’événements historiques concrets, qu’il vit et interprète à la lumière d’un courant de pensée particulier qui a déjà sa propre tradition profondément ancrée dans l’espace national auquel il s’identifie et dans la langue dont il se sert : l’idéalisme, la croyance bien ancrée que les idées, concepts éternels, s’invitent progressivement parmi les hommes, pures essences qui ne doivent rien aux circonstances dans lesquelles elles s’incarnent. L’idéaliste est toujours un illuminé, qui n’a de compte à rendre qu’à la providence, jamais aux hommes, puisqu’il ne fait pas partie de leur histoire commune. Qui ne reconnaît pas sa responsabilité quand des hommes le condamnent.

L’historien se doit d’entrer aussi dans cette subjectivité qui possède son « histoire », mais sa compréhension globale fera faillite s’il ne l’approche pas avec la distance critique que permet sa contextualisation, non seulement par rapport à son environnement intellectuel ou spirituel[3], mais par rapport à la pesanteur des faits réels de société, dont la pensée se fait une représentation. L’historien qui entend adopter une position critique se trouve contraint d’utiliser une double grille de lecture, de mettre pour ainsi dire des lunettes à double foyer, exercice des plus périlleux que bien peu réussissent. Et il est sans doute des moments de rupture historique privilégiés pour la mise à l’épreuve d’une lecture croisée débouchant sur des principes synthétiques d’analyse. Parmi les grandes césures qui ont durablement marqué nos consciences se situent évidemment les deux guerres mondiales, au cours desquelles la maîtrise des événements échappa davantage encore qu’en temps de paix aux projets humains de règlement des conflits par la voie d’une diplomatie raisonnable. La pensée de Rosenberg est le résultat immédiat de l’incompréhension de la défaite militaire du Deuxième Reich, dans la foulée des théoriciens du chauvinisme allemand les plus aveugles aux réalités et les plus imprégnés par la tradition mystique et la mythologie germanique. Il en renouvellera et radicalisera rapidement les sources, avec l’ambition d’en devenir la référence intellectuelle incontournable. Les années décisives durant lesquelles le national-socialisme parvient au pouvoir s’inscrivent à mi-parcours entre ces guerres catastrophiques, dont la violence se perçoit plus comme un phénomène naturel que comme une manifestation humaine. De 1929 à 1933, une voie, certes étroite, semble encore ouverte aux « hommes de bonne volonté » pour éviter que le monde leur échappe une nouvelle fois. Ce sont ces années-là que je choisirai pour tenter cet éclairage croisé du subjectif et de l’objectif qui met, mieux que tout autre, en relief le rôle relatif des différents acteurs, leurs positions dans les grandes composantes du tissu social et comment eux-mêmes se situent dans les différents champs où se jouent ces luttes partielles pour la domination des hommes et des choses.

Rosenberg ou les avatars de l’idéalisme chrétien

Alfred Rosenberg est sans conteste un personnage clé du parti nazi, un parti qui s’est pensé au-dessus et en dehors des partis comme un mouvement, dont il fallait forger à la fois la théorie et la pratique. Aucun penseur n’a occupé autant de place que lui dans la confection de sa doctrine, à travers de très nombreux écrits, diffusés pour la plupart par son organisation centrale et de plus en plus largement à mesure qu’elle acquérait du pouvoir. Peut-on dire pour autant que le national-socialisme « provient » d’une vision du monde, Weltanschauung, qui, selon ses propres théoriciens, relève davantage de l’intuition que de la réflexion, de la réaction instinctive plutôt que préméditée ? Peut-on dire que cette construction de l’esprit mène au crime ? La justice humaine ne condamne que des hommes, des hommes vivants, et à condition que soit établi un lien de cause à effet entre leur action et le crime incriminé. Personne ne peut (aujourd’hui et en principe) être condamné pour sa « vision du monde ». Entre 1918 – il a 25 ans – et 1930, date de la parution de sa bible nazie, Rosenberg va acquérir par d’innombrables lectures les rudiments de son mythe, dont le modèle lui est fourni par le très populaire ouvrage de Houston Stewart Chamberlain, Die Grundlagen des neunzehnten Jahrhunderts[4], paru en 1898. Sommes-nous pour autant devant une « vision raciale du monde » ? Les sources de Rosenberg sont nombreuses, auxquelles il puise pour produire un indigeste brouet qui nourrira les nombreux ressentiments des populations et des individus allemands déplacés ou déracinés par la Première Guerre mondiale. Rosenberg est de ceux-là, Balte-Allemand fuyant la révolution bolchevique pour se ré-ancrer dans un imaginaire teutonique forgé par son maître à penser Dietrich Eckart. Que le Juif fantasmé soit au centre de sa première contribution propre, La trace du Juif au fil du temps[5], ne doit pas nous induire en erreur ; il relève davantage de la longue tradition chrétienne que de l’antisémitisme politique ou racial plus récents. Le mythe du XXe siècle ne contient qu’une allusion au plus célèbre théoricien nazi de la race au sens pseudo-scientifique, Hans Günther, et c’est pour qualifier ses conceptions « d’historiques et non d’essentielles » (historisch, nicht wesentlich). Il leur préfère la vision de Walther Darré selon laquelle les Germains se sont forgés avec la nature (naturverwachsenen Germanen). Rosenberg ne connaît pas d’hommes, que des « essences », bonnes ou mauvaises.

La conclusion de cette première intervention de Rosenberg sur la scène munichoise de l’après-guerre découle directement de ses présupposés : il faut contrer les dangers de judaïsation (Verjudung) de « notre être allemand chrétien et national » (unseres christlichen und nationalen deutschen Wesens)[6]. Tandis qu’il rédige ce livre, Rosenberg s’est donné la peine de lire l’ouvrage du chevalier Henri Gougenot des Mousseaux, Le Juif, le judaïsme et la judaïsation des peuples chrétiens (1869), dont il publie la traduction l’année suivante aux éditions dirigées par Eckart[7]. Même idéalisme chrétien mâtiné de tradition féodale, substrat du futur Blut und Ehre (Sang et Honneur) du Balte. Rosenberg, en 1919, radicalise l’antijudaïsme chrétien, ou plutôt le ramène aux débuts du nationalisme germanique ; avec Fichte, il entend concéder aux Juifs allemands leurs droits d’hommes, mais pas de droits civils et politiques :

« 1. Les Juifs seront reconnus comme une nation [= ethnie = race] vivant en Allemagne. Qu’ils soient pratiquants ou non ;

2. Est Juif, celui dont les parents, dont le père ou la mère furent de nation juive ; dorénavant est Juif, celui qui a un conjoint juif.

3. Les Juifs n’ont pas le droit de s’occuper de politique allemande, en paroles, en écrits ou en actes.

4. Les Juifs n’ont pas le droit d’être fonctionnaires d’État, de servir dans l’armée, ni comme soldats, ni comme officiers. Ils effectueront un service du travail.

5. Les Juifs n’ont pas le droit de diriger des institutions culturelles étatiques ou communales (théâtres, galeries, etc.), ni de remplir des fonctions enseignantes dans les écoles et universités allemandes.

6. Les Juifs n’ont pas le droit de collaborer aux commissions d’État ou de communes en matière d’épreuves, de contrôle, de censure, etc.

Les Juifs n’ont pas le droit de représenter le Reich allemand dans des traités de commerce ; ils n’ont pas davantage le droit d’être représentés dans le directoire des banques d’État ou des institutions communales de crédit.

7. Les Juifs étrangers n’ont pas le droit de s’établir durablement en Allemagne. Il leur est de toute façon interdit de faire partie de la fédération d’États allemands.

8. Le sionisme doit être activement soutenu, pour envoyer chaque année un nombre à déterminer de Juifs allemands en Palestine ou en tout cas en dehors des frontières. »

Suivent un certain nombre de droits concédés aux Juifs allemands, mais pour Rosenberg, l’essentiel ne réside pas là. Il s’agit avant tout de les amener à la « civilisation chrétienne » (christliche Kultur) :

« Il est grand temps que les récits d’Abraham et de Jacob, de Laban, Joseph, Juda et d’autres archi-escrocs (Erzgaunern) cessent enfin de sévir dans les églises et les écoles. C’est un outrage et une honte que ces incarnations d’un esprit entièrement faux et mensonger nous soient présentées en exemples religieux, en pères spirituels de Jésus-Christ. L’esprit chrétien et l’esprit “salement juif” doivent être séparés ; la Bible doit être clairement divisée en Christ et Antéchrist. » Comme on le voit, ce qu’apporte de propre Rosenberg, ce n’est pas une « rhétorique du pouvoir », mais une régression obscurantiste dans l’irrationalité la plus abyssale. Et celle-ci représente objectivement un sérieux obstacle à la prise de pouvoir dans un pays encore marqué par les querelles issues de la Réforme. Le national-socialisme n’a que faire de la péroraison du visionnaire illuminé : voici venu le jour de « la pensée germano-chrétienne ».

Comment se fait l’histoire réelle ?

Avant que Rosenberg ne soit propulsé sur le devant de la scène politique, il me reste à compléter la formation de sa pensée, si tant est que l’on puisse nommer telle cet incroyable patchwork – mais n’est-ce pas le propre de toute croyance ? Son véritable spiritus rector est, comme je l’ai mentionné, Dietrich Eckart, dont il va publier des textes[8] deux ans avant de nous en donner sa propre synthèse, et à qui Mein Kampf est dédié.

Eckart représente, poussée à son paroxysme, une tendance ésotérique qui est loin d’avoir disparu de la pensée occidentale ; elle constitue même le fondement inassumé de tous les récits de l’histoire humaine comme réalisation des idées, entendez évidemment des idées élevées, des idéaux des hommes idéaux. Dans cette vision d’un monde éternellement dominé par la lutte du bien et du mal, il faut nécessairement que ce dernier possède ses porte-parole, cette lie indispensable de l’humanité. Et le paradoxe veut que ceux qui inversent aujourd’hui cette vision après son échec dramatique sans en remettre en cause les fondements idéologiques ne nous en offrent que l’image retournée, le bien occupant dès lors la place du mal. Beaucoup s’interrogent encore sur le succès des théories du « complot », dont le ressort ultime est cette croyance occulte. Eckart nous l’enseigne avec une aveuglante clarté : le judaïsme a un secret, « die Entseelung der Welt ». Le Juif (cette force instinctive et éternelle) est incapable de s’élever au-dessus de la possession des biens matériels de ce monde. Ne pouvant accéder lui-même à la transcendance, il se venge en privant le monde entier de son « âme ».

« C’est pourquoi ils essayent [les Juifs] de briser toute forme derrière laquelle agit l’âme vivante ; car ces archi-matérialistes ont l’idée insensée, que ce qu’ils ne peuvent que soupçonner confusément, le spirituel (das Seelische), serait indissolublement lié à la forme et disparaîtrait donc avec elle. C’est pourquoi, ils sont également tous anarchistes [souligné dans le texte original], consciemment ou inconsciemment ; ils ne peuvent [idem] faire autrement qu’être adversaires de l’ordre et du droit [idem], car ces derniers portent en eux de façon exemplaire l’empreinte lumineuse d’un monde plus pur. »[9]

Ainsi, depuis l’origine du monde, la force spirituelle est aryenne, le Juif est à l’image de Méphisto : Urbild aller Seelenlosigkeit (le prototype de l’absence d’âme).

Il n’y a apparemment derrière cette mystique aucun dessein meurtrier, rien qu’un désir de démarcation morale, puisque nous sommes tous confrontés à un monde de la matière et de l’esprit. Les Juifs sont comme les bactéries indispensables à la vie humaine.

« Nous devons donc accepter parmi nous les Juifs comme un mal nécessaire, et Dieu sait pour combien de millénaires encore. Mais de même que notre corps dépérirait si ces bactéries dépassaient en lui une certaine mesure, de la même façon notre peuple, pour ne prendre qu’un exemple, succomberait petit à petit de maladie spirituelle si le Juif prenait le dessus en lui. Que celui-ci, comme le veut ou feint de le vouloir le sionisme, nous quittait complètement, serait aussi fatal que s’il nous dominait. La mission du peuple allemand prend fin, telle est mon intime conviction, avec la dernière heure de l’humanité, à laquelle nous ne pourrions parvenir si nous perdions auparavant l’approbation juive du monde parmi nous ; car aucune existence n’est possible sans acceptation du monde. »[10]

Là encore, le lecteur contemporain post-génocide se tromperait s’il voyait dans ces lignes le reflet d’une quelconque théorie biologique ; les termes qui désignent le prétendu parasitisme juif (Schmarotzer, par exemple) préexistent aux sciences naturelles et ce sont ces dernières qui les ont importés. Je ne peux malheureusement pas développer ici les particularités linguistiques d’un nationalisme historiquement plus tardif, plus religieux et plus irrationnel que ses référents britanniques ou français.

Voilà donc le bagage personnel avec lequel Rosenberg entre en politique. Tant qu’il ne demeure confiné que dans le cercle disparate des fomentateurs du coup d’État manqué de 1923, il lui assure au mieux un statut intellectuel, entre méfiance et révérence. Il donne à ces aventuriers de la politique un supplément d’âme, dont certains n’ont que faire. Ceux-là, Rosenberg les méprisera jusqu’au bout.

Le changement interviendra à nouveau de l’extérieur, entraînant avec lui les réajustements auxquels oblige l’objectif devenu prioritaire de la prise du pouvoir.

Dans la république de Weimar, dont l’économie avait repris après avoir surmonté la folle inflation de 1923, la débâcle de Wall Street, le 29 octobre 1929, allait être l’électrochoc donné au national-socialisme. Il ressortit dopé des élections de septembre 1930 au Reichstag avec un accroissement de 5,5 millions de voix par rapport au dernier scrutin de mai 1928. Il atteignait avec ses alliés potentiels 44 % des suffrages, rendant crédible un renversement radical de politique. Ses 107 députés, au nombre desquels figurait à présent Rosenberg, apparurent à la rentrée parlementaire en uniforme, annonçant ainsi la militarisation du parti, l’intimidation et la terreur de rue qu’allaient exercer les SA et SS, malgré les tentatives d’interdiction par les autorités en place. De septembre 1930 à janvier 1933, le nombre de membres du parti s’accrut de 129000 à 849000. La poursuite de la crise entraîna la croissance du chômage ; entre le vote de 1930 et celui de novembre 1932, les nazis gagnèrent encore plus de 5, 3 millions d’électeurs.

Combien parmi près de 11 millions d’Allemands qui avaient brusquement donné leurs suffrages à ce parti avaient-ils lu Rosenberg, ou accordaient-ils un blanc-seing à une politique antisémite, encore que, en quelques années, le nazisme ait réussi à isoler davantage la population juive, à faire en sorte que toute sympathie pour celle-ci soient considérée comme contraire aux intérêts nationaux ? Bien peu sans doute, contrairement à la vulgate actuelle. Ce n’est pas cela qui devait permettre d’accéder au pouvoir. Ni de jouer un rôle au sein des grandes puissances européennes en pleine crise économique. Plus fin tacticien que les doctrinaires de son parti, Hitler l’avait bien compris, comme en témoigne son intervention devant les industriels réunis à Düsseldorf le 21 janvier 1932[11].

Idéologie et pragmatisme

Ce texte étonnant devrait éveiller quelque écho aujourd’hui, bien que son ton direct et son apparente naïveté dans l’abord des questions économiques contreviennent à notre langage plus feutré. Fidèle à son darwinisme social sans détours, le Führer note l’impasse de la domination « naturelle » de la race blanche, la rivalité économique de ses différents états concurrents, le Royaume-Uni constituant à ses yeux le moins menacé d’entre eux par le savant équilibre de sa métropole et de ses colonies. Et ce, malgré la montée en puissance des États-Unis qui se profile à l’horizon. Plus qu’une idéologie à combattre – Rosenberg et d’autres auront forgé le spectre du judéo-bolchevisme –, Hitler voit dans le communisme une nouvelle « vision du monde » dont la principale conséquence, outre quelques « cliques bruyantes qui envahissent nos rues », serait d’arracher au marché d’exportation et aux sources de matières premières « l’ensemble du continent asiatique, qui s’étend de notre frontière orientale jusqu’à Vladivostok »[12] .

« Le bolchevisme, si sa voie n’est pas interrompue, exposera le monde à une mutation complète comme jadis le christianisme. Dans 300 ans on ne dira plus qu’il s’agissait d’un autre mode de production. Dans 300 ans, on se sera probablement rendu compte qu’il s’agit simplement d’une nouvelle religion, bien que fondée sur une autre base. Dans 300 ans, si ce mouvement continue à se développer, on ne verra plus seulement en Lénine un révolutionnaire de 1917, mais le fondateur d’une nouvelle doctrine mondiale, et peut-être sera-t-il honoré à l’égal de Bouddha. »

Et après avoir balayé quelques objections, le Führer poursuit :

« De toute façon, nous allons vivre ce qui suit : le bolchevisme – si la pensée européenne et américaine ne change pas – continuera à s’étendre lentement en Asie. Quand il s’agit de visions du monde, 30 ou 50 ans ne jouent aucun rôle. Ce n’est que 300 ans après le Christ que le christianisme a commencé lentement à occuper tout le sud de l’Europe et ne s’est saisi du nord que 700 ans après. De telles visions du monde sont capables de démontrer encore 500 ans après leur capacité de conquête absolue s’ils ne sont pas brisés dès le début par l’instinct de conservation naturel des autres peuples. »

Nous connaissons la suite. Le pacte tacite qu’Hitler propose aux grands industriels de la Ruhr est de remettre au travail les six ou sept millions de chômeurs, cible idéale du communisme, en sortant des obligations imposées par le traité de Versailles. Un pouvoir politique fort est la condition sine qua non du redéploiement économique. « Car ce n’est pas l’économie allemande qui a d’abord conquis le monde, suivie de la montée en puissance du pouvoir ; chez nous aussi, c’est d’abord le pouvoir d’État qui a créé les conditions préalables à l’apogée économique ultérieure (très juste !) » [13]

De mieux en mieux compris, le Führer peut à présent s’orienter vers sa conclusion :

« Il est possible de faire de l’Allemagne un État bolchevique – ce sera une catastrophe – mais c’est possible. Il est aussi possible de faire de l’Allemagne un État national. Mais il est impossible de créer une Allemagne forte et saine, si 50 % de ses membres sont bolcheviques et 50 % nationaux (très juste !). Cette question-là, il faudra bien la résoudre ! (vifs applaudissements). »

Retour à Rosenberg

Pour notre compréhension du nazisme, Rosenberg constitue un véritable cas d’école. Mais à condition de respecter la chronologie des événements sans verser dans la téléologie. Non, Le mythe du XXe siècle (1930) n’est pas « cette prise de position fondamentale, longuement argumentée et appuyée sur de multiples références savantes » de sa « vision raciale du monde ». Il a pour but de forger une doctrine nationale-socialiste malgré le profond clivage religieux laissé par la Réforme et ses séquelles. Car l’idéalisme légitime est celui des Églises. Ses références sont essentiellement théologiques et ambitionnent la fondation d’une Église nationale à l’image de l’Église anglicane et, bien que des questions plus urgentes s'imposent dès la prise du pouvoir, Rosenberg s’estime obligé de répondre longuement aux critiques catholiques et protestantes. Aux premières, dans son véritable pamphlet, Aux inquisiteurs de notre temps[14], aux secondes dans Pèlerins protestants à Rome[15]. Les deux sous-titres renvoient explicitement au mythe du Balte ; les catholiques trahissent le Christ par fidélité à l’Ancien Testament juif, les protestants trahissent Luther : « Ce n’est plus l’église, mais le peuple qui a pris la première place dans la conscience européenne. C’est pourquoi le plus grand crime n’est pas l’hérésie, mais la trahison. »[16]

Et de citer Luther : « Tout ce qu’ils [les Juifs] ont, ils nous l’ont volé et extorqué par leur usure…, qu’ils gagnent leur pain à la sueur de leur front – adoptons la sagesse commune aux autres nations… calculons ce qu’ils nous ont dérobé et puis, tout compte fait, chassons-les pour toujours du pays. »[17]

À partir de l’année 1933, les enjeux de la politique internationale commencent à dominer, et Rosenberg revient à l’orientation imprimée par son Führer dès 1925 : « Sa mission [du mouvement national-socialiste] n’est pas une réforme religieuse, mais la réorganisation politique de notre peuple. Il voit dans les deux confessions religieuses des garants équivalents pour le maintien de notre peuple et combat donc les partis qui rabaissent ce raffermissement religieux et moral de notre organisme populaire en instrument de leurs intérêts partisans. »[18]

Certains protestants dans le parti cultivent l’opinion que la religion réformée a été une protestation du caractère ou de l’âme germaniques, pour reprendre la terminologie de Rosenberg ; mais Hitler ne sait que trop combien ces facteurs de division interne risquent d’affaiblir le mouvement. Il réussira même en 1937 ce tour de force d’organiser des funérailles nationales à Erich Ludendorff, qui avait pourtant diffusé contre lui une accusation de trahison du nazisme au profit de Rome et recommandé à Hindenburg de ne pas le hisser à la chancellerie.

L’idée d’une politique étrangère à base raciale, Rosenberg la fait sienne quelques mois après la prise de pouvoir, en septembre 1933 dans une intervention à la « Journée du parti à l’occasion de la victoire »[19] .

Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour s’apercevoir qu’ici encore Rosenberg est passé à côté des discussions scientifiques ou pseudo-scientifiques sur la race et l’hérédité des caractères acquis qui a divisé le pays depuis 1900, toutes convictions confondues. Elles sont non pertinentes pour le bâtisseur de mythes. Il lui suffit d’y faire référence en supposant le débat comme clos : « Nous croyons que la plus grande découverte de notre temps consiste en l’expérience vécue et en la preuve scientifique formelle (?) que ce n’est pas un hasard si sur cette planète déambulent des hommes de différentes espèces, si sous la détermination de ces particularités naissent différents États, civilisations et formes de vie et si sang et caractère ne sont que les différents mots pour désigner la même essence (Wesen).

Nous savons qu’une nation se définit par la prédominance d’un caractère déterminé et conditionné par le sang ; ensuite par une langue, par un environnement géographique et par le sentiment d’un destin commun. Nous savons aussi que ces données ne sont pas définitives, mais que le sang, la dominante raciale d’une nation, constitue l’élément décisif. »

Et toute la croyance et le savoir de l’idéologue nazi tiennent, comme il l’écrit, dans cette « âme du sang » (Blutseele), porteuse de valeurs éternelles. Il existe certes des biologistes nazis qui ont pris part à la recherche d’une science de la race (Rassenkunde, parfois traduit par « raciologie »[20]), mais quelques slogans suffisent à la rhétorique de Rosenberg : « Le sang est plus que l’or, la terre natale est plus qu’un paquet d’action, l’honneur vaut plus que les plus hauts dividendes, le peuple se situe au-dessus de la somme de toutes ses affaires. »[21] Cette emphase suffit-elle à fonder une éthique ? À fonder une politique étrangère comme « délimitation naturelle des âmes civilisées »[22] ? La seule ambition « scientifique » de Rosenberg est la création d’une fumeuse « psychologie des races ».

Rosenberg continuera à rassembler ses discours et articles jusqu’en 1941. Et ici encore, ce sont les tournants de la politique mondiale qui infléchiront nécessairement son fonds de commerce idéologique. Trois périodes se marquent nettement dans ses écrits : l’attaque de la Pologne en septembre 1939 ; pour ce nostalgique de la chevalerie balte, l’Allemagne reprend simplement sa progression naturelle vers l’est : « Ce qui nous venait des Polonais était une haine quasi caractérisée par une nature (Wesen) de sous-hommes (untermenschliches) ; une haine imprégnée de sentiments d’envie qui avaient toute l’apparence du complexe d’infériorité dans tous les domaines. Cette conscience d’une infériorité culturelle, raciale et politique n’avait pas eu seulement pour conséquence que des voix sensées (comme celle de Pilsudski) devaient en tenir compte mais, au contraire, que les instincts chaotiques et sous-humains de la volonté d’introduire de force un changement éruptif triomphaient de toute logique naturelle. »[23] Ô lumineuse psychologie des races !

Puis vint l’attaque de la Belgique. Comme les Pays-Bas, ce pays payait, selon Rosenberg, sa neutralité dans la guerre générale des « visions du monde ». Tous les adversaires du Reich s’y seraient réfugiés. « Sous la protection de la Wehrmacht, les Pays-Bas peuvent à nouveau repenser leur destin. Comme les Flamands, et même comme les Wallons. »[24]

Puis vint l’attaque contre l’Union soviétique, en violation du Pacte de non-agression. Mais les valeurs germaniques naturelles et sacrées, l’honneur et la fidélité ne sauraient s’appliquer à ceux qui les ignorent. Avec l’éveil de l’instinct, l’Europe allait enfin être délivrée du chaos racial et de la confusion des concepts.

Remis dans cette perspective, les Journaux du maître à penser nazi nous apprennent-ils quelque chose de plus ? Oui, mais à condition de ne jamais les lire hors contexte, de ne pas limiter le national-socialisme à un projet exclusif de génocide des Juifs et en ne tombant pas à notre tour dans un psychologisme primaire qui créditerait Rosenberg d’un nazisme « éthique »[25] , qu’il se serait efforcé de concrétiser « honnêtement » .

La lecture des Journaux est précisément l’occasion de confronter la théorie nationale-socialiste et l’attitude de Rosenberg lui-même face aux décisions prises par le régime dans l’évolution des relations internationales. Le résumé qui nous en est présenté est complètement partial, outre les nombreuses erreurs qu’il contient, et le choix délibéré des passages cités qui a pour seul but de charger le condamné de Nuremberg et non de le comprendre ou d’éclairer l’histoire. Rien sur sa condamnation de la Nuit de Cristal, sur son désarroi face au Pacte germano-soviétique, dont il n’était manifestement pas au courant.

Car sous ce régime où les décisions ultimes dépendent en fin de compte d’un seul homme, Rosenberg se retrouve complètement déstabilisé et désorienté sitôt sorti de son rôle d’idéologue en chef du régime, là où une certaine affinité presque sentimentale le reliait au Führer. Surprenant est leur accord sur les questions religieuses qu’ils évoquent avec complicité, se réservant de régler ensemble leur compte à toutes les Églises lorsque la guerre sera finie. Mais c’est celle-ci qui dicte les priorités. Rosenberg note le 10 mai 1940, date de l’attaque de la Belgique : « Ce jour restera important pour toujours dans l’histoire allemande. Le combat final commence et décide du destin de l’Allemagne. Peut-être pour toujours, en tout cas pour des siècles. » Ce qui ne l’empêche pas d’entretenir ses obsessions : « C’est véritablement un combat entre des visions du monde qui se déchaîne, plus intense qu’en 1618. Notre adversaire au Vatican le sait. Le combat contre Rome prendra fin en Allemagne après une victoire allemande. » Obsessions qui ne s’expliquent que par la religion nouvelle qu’il s’est forgée et qu’il expose aux dirigeantes de l’Association des jeunes filles allemandes : « Je leur déclarai finalement : de l’enseignement des valeurs nationales-socialistes pourrait sortir une nouvelle religion, si l’on comprend, que la religion, dans notre sens n’est pas une autodissolution mais une auto-affirmation. […] L’auto-affirmation des âmes est précisément une nouvelle religion, se rattachant immédiatement à l’attitude germanique face au destin. Si l’on comprend la nature (Wesen) de son moi comme affligée du péché originel, on doit demeurer chrétien, si on ne le fait plus, on se trouve en chemin de quitter le christianisme. L’alliage germano-chrétien commence à fondre sous le souffle brûlant d’un nouveau sentiment vital et à se décomposer en ses parties constituantes. » Jamais, sans doute, la pensée nationale-socialiste de Rosenberg ne s’était-elle exprimée plus clairement, cet existentialisme taillé sur mesure pour une germanité de combat.

Mais l’engrenage de la guerre a sa propre logique, et quelques mois avant l’invasion de l’URSS, le 21 juin 1941, l’idée de sa fatalité fait déjà son chemin. Rosenberg lui invente l’une de ces appellations contrôlées dont il a le secret : Eventualfall (cas éventuel). Vu sa provenance et son sentiment aigu du caractère inné des peuples, le Führer tient à l’associer à l’aventure. Il ne pourra pas se consacrer exclusivement comme il l’aurait voulu à son cher Institut de recherche de la question juive (Institut zur Erforschung der Judenfrage) pour lequel il avait obtenu de lui un blanc-seing et où il commençait à rassembler tous les ouvrages et archives venues de France, de Belgique, des Pays-Bas, etc. « Qui voudra venir du monde entier étudier la question juive devra se rendre à Francfort. »

Désormais les dés sont jetés. « Rosenberg, aujourd’hui votre grande heure a sonné ! C’est par ces mots que le Führer a conclu aujourd’hui un entretien de deux heures avec moi. […] Je n’ai pas besoin d’exprimer davantage mes sentiments. Vingt ans de travail antibolcheviste vont enfin connaître leur effet politique, et quasiment pour l’histoire du monde… des millions… et leur destin seront placés entre mes mains. L’Allemagne peut être délivrée pour des siècles d’une pression qui pèsera toujours sur elle sous des formes diverses. Si des millions d’autres doivent un jour maudire l’imposition de cette nécessité, qu’importe, pour peu qu’une nouvelle grande Allemagne bénisse cette action d’un futur proche ! »

Le reste, le lecteur le lira au fil des pages. Et le moins surprenant n’est pas de découvrir que ce doctrinaire qui possède une plus grande connaissance du terrain que ses complices sait se montrer plus pragmatique, plus réaliste dans l’évaluation du rapport des forces en présence que les racistes « primaires », imbus de leur supériorité innée et donc incapables de se trouver des alliés et d’utiliser pleinement à leur profit les énormes contradictions de l’empire soviétique.

Lire Rosenberg, c’est enfin mesurer le péril auquel le monde a échappé. C’est aussi se donner les moyens de voir dans la société européenne actuelle, qui a beaucoup évolué, ce qui subsiste d’une « conception du monde » qui nous a placés au bord du gouffre.

 


[1] Alfred Rosenberg, Der Mythus des 20. Jahrhunderts. Eine Wertung der seelisch-geistigen Gestaltenkämpfe unserer Zeit, Munich, Hoheneichen Verlag, 1942, p. 116.

[2] Joseph Kessel, Jugements derniers. Les procès Pétain, de Nuremberg et Eichmann, Paris, Tallandier, 2007, p. 122.

[3] Dans le titre de son ouvrage principal, Rosenberg évoque « le combat pour donner forme (gestalten) spirituelle et intellectuelle (seelisch-geistig) » à une époque, ce qui ne peut, selon lui, se concrétiser que dans un nouveau mythe. Son enracinement dans la mystique germanique rend déjà les traductions françaises problématiques. Un commentaire philologique est alors plus efficace qu’une transposition hasardeuse, telle ce « surplomb du couplage de la vision du monde actuelle » pour rendre l’image de l’architecte que fut Rosenberg à ses débuts : « die bisherige weltanschauliche Überkuppelung » (la coupole qui couronnait jusqu’ici la vision du monde), termes par lesquels le penseur nazi condamne le catholicisme de Rome. Hitler a d’ailleurs chargé son architecte Speer de couronner Germania, la nouvelle capitale du Reich victorieux, d’une coupole sous laquelle saint Pierre apparaîtrait comme un modèle réduit.

[4] Une version française disponible en ligne (www.hschamberlain.net/grundlagen) en propose la traduction suivante : La genèse du XIXe siècle. Il faudrait plutôt parler de « fondements ».

[5] Alfred Rosenberg, Die Spur des Juden im Wandel der Zeiten, Munich, Deutscher Volks Verlag, 1920. On notera l’usage du singulier : le Juif, dans son opposition au Germain, est un type de caractère naturel auquel Rosenberg dénie toute formation historique et toute objectivité scientifiquement décelable. L’ouvrage met en exergue un proverbe indien (?) : « La nature innée de tout être (Wesen) est la seule chose qu’il convient d’examiner, sans se préoccuper de ses autres propriétés ; car la nature dépasse toutes les propriétés, les englobe et les domine. » (Die angeborene Natur eines jeden Wesens soll man nur prüfen, nicht seine eigene Eigenschaften; denn die Natur überragt alle Eigenschaften und zu oberst stehend beherrscht sie dieselben.)

[6] Ibid., p. 160. On notera la redoutable polysémie de Wesen, tour à tour, « être », « nature », « essence », abstractions toujours déracinées auxquelles le contradicteur ne peut opposer aucun fait.

[7] Gougenot des Mousseaux, Der Jude, das Judentum und die Verjudung der christlichen Völker, aus dem Französischen von Alfred Rosenberg, Munich, Hoheneichen Verlag, 1921.

[8] Alfred Rosenberg, Dietrich Eckart, ein Vermächtnis, Munich, Verlag Frz. Eher Nachf., 1928 (D. E., un testament).

[9] Ibid., p. 219.

[10] Ibid., p. 217.

[11] « Vortrag Adolf Hitlers vor westdeutschen Wirtschaftlern im Industrie-Klub zu Düsseldorf am 21. Januar 1932, Munich, Verlag Frz. Eher Nachf.

[12] Ibid., p. 15.

[13] Ibid., p. 19. Les commentaires entre parenthèses sont ceux du public.

[14] Alfred Rosenberg, An die Dunkelmänner unserer Zeit. Eine Antwort auf die Angriffe gegen den Mythus des 20. Jahrhunderts, Munich, Hoheneichen Verlag, 1935. On remarquera que ce n’est pas le parti en tant que tel qui édite l’ouvrage, bien que la couverture soit illustrée d’un flambeau à croix gammée.

[15] Alfred Rosenberg, Protestantische Rompilger, Der Verrat an Luther und der Mythus des 20. Jahrhunderts, Munich, Hoheneichen Verlag, 1937. Cet ouvrage fut écrit en même temps que le précédent, mais il était plus risqué de polémiquer avec la majorité protestante. Aussi ne parut-il qu’en 1937, une fois le pouvoir stabilisé et après l’approbation du Führer.

[16] Ibid., p. 14.

[17] Ibid., p. 34.

[18] Mein Kampf, p. 379.

[19] « Die rassische Bedingtheit der Aussenpolitik » (La détermination raciale de la politique étrangère), in Alfred Rosenberg, Blut und Ehre, ein Kampf für deutsche Wiedergeburt, Reden und Aufsätze von 1919-1933, herausgegeben von Thilo von Trotha, Munich, Verlag der NSDAP, Franz Eher Nachf., 1933, p. 333.

[20] Édouard Conte, Corneille Essner, La quête de la race, une anthropologie du nazisme, Paris, Hachette, 1995.

[21] Blut und Ehre, op. cit., p.346.

[22] Ibid., p. 347.

[23] « Discours de guerre », in : Alfred Rosenberg, Tradition und Gegenwart, Reden und Aufsätze 1936-1940, herausgegeben von Karlheinz Rüdiger, Zentralverlag der NSDAP, Frz. Eher Nachf. Munich, 1941, p. 458.

[24] Ibid., p. 456.

[25] L’idée même en est absurde, puisqu’il n’y a pas de valeurs universelles et que l’« ethos » germanique inné n’est pas transposable à d’autres entités raciales, même pas traduisible en d’autres langues.

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