Éditorial
La thématique des violences et crimes de masse, et singulièrement ceux perpétrés par des Etats, constitue depuis quelques années une préoccupation majeure aussi bien dans l’espace savant que dans l’espace public et éducatif. Attentive aux grandes controverses actuelles sur le plan à la fois historiographique et mémoriel – voire politique –, la revue En Jeu entend y prendre toute sa part. Par ailleurs, elle s’attache à se demander pourquoi la question des crimes et génocides nazis a obtenu une place aussi centrale dans nos perceptions du passé au point de devenir un des référents majeurs de notre environnement culturel.
La Seconde Guerre mondiale ne saurait être exclusivement approchée sous l’angle des crimes et des violences dont elle fut le théâtre. La genèse de ces événements et les évolutions historiques qui en découlent doivent être étudiées dans la continuité des phénomènes caractéristiques du tournant des XIXe et du XXe siècles, non pas seulement dans un cadre européen restreint mais sur un plan géopolitique plus global.
Enfin, il y a lieu de s’interroger sur le contenu et la pédagogie de la transmission du passé (programmes d’histoire, travail de mémoire, éducation à la citoyenneté…) pour comprendre les crises du passé et tendre à une vision plus critique et lucide d’un monde contemporain préoccupant, lui aussi en crise constante.
Par cette publication, la Fondation pour la mémoire de la déportation souhaite notamment alimenter la réflexion critique et l’engagement citoyen sur toutes les questions relatives à la transmission des valeurs et de l’histoire dont elle est porteuse.