N°4 / Fin des camps. Libérations des déportés

Entre angoisse et espoir. Expériences de survivants de l’évacuation du camp annexe de Melk

Alexander Prenninger

Résumé

Le rôle de Mauthausen comme camp d’évacuation ainsi que la dissolution des camps annexes n’ont, à ce jour, guère fait l’objet de travaux de recherches. Pour les détenus, l’évacuation du camp annexe de Melk était la dernière étape d’une série de convois depuis le début de leur déportation. Elle était associée à l’angoisse de se faire tuer dans les derniers jours et à l’espoir de la libération proche. Les expériences des survivants sont cependant extrêmement diverses selon les méthodes adoptées pour procéder à ces évacuations. L’étude entreprise ici se fonde sur l’exploitation de témoignages d’histoire orale du « Mauthausen Survivors Documentation Project » (MSDP).

Traduit de l'allemand par Gilles Fabréguet.

Mots-clés

Plan de l'article

Télécharger l'article

 

Les défaites militaires de la Wehrmacht allemande ainsi que la retraite des troupes à l’est à partir de 1943 – et, à partir de l’été 1944, également à l’ouest – conduisirent à l’évacuation à l’ouest de millions de personnes qui abandonnèrent ces territoires pour une part de leur plein gré, mais pour la plupart contraintes et forcées. À côté des collaborateurs en uniforme et en civil, qui se joignaient aux colonnes par peur de la vengeance de l’armée Rouge, étaient également évacués au cœur du Reich des travailleurs forcés, des prisonniers de guerre, des détenus et des détenus concentrationnaires. C’est le cadre extérieur dans lequel se déroula la dissolution de l’univers concentrationnaire qui connut en même temps son extension maximale. À partir de février 1944 les premiers camps annexes estoniens furent évacués. Au printemps et à l’été 1944, ce fut alors la dissolution des camps de Maïdanek et de Plaszow et 65 000 détenus furent déplacés du complexe concentrationnaire d’Auschwitz au cœur du Reich. L’avance des troupes occidentales conduisit en septembre à la dissolution du camp de Natzweiler, situé à l’ouest du Rhin. De fin janvier à mi-février, les grands complexes concentrationnaires d’Auschwitz et de Groß-Rosen furent évacués. À partir de mars 1945, un nombre toujours plus important de camps se trouvait à proximité du front et fut évacué[1]. Des centaines de milliers de détenus furent transportés sans interruption dans les territoires du Reich allemand que les Alliés n’avaient pas encore conquis. Lors des dernières semaines de guerre, les centres d’accueil se concentraient surtout au nord de l’Allemagne ainsi qu’en Autriche et dans le sud de la Bavière.

Pourquoi et dans quel but ces convois d’évacuation furent-ils organisés ? Ces questions ont soulevé depuis quelques décennies une vive controverse parmi les contemporanéistes. Il s’agissait essentiellement de se demander si l’évacuation des détenus concentrationnaires servait tout d’abord à soustraire à l’emprise des Alliés des détenus témoins de crimes de masse commis par les nazis, ensuite à couvrir les besoins élevés en travailleurs esclaves ou bien encore de savoir si la destruction finale de tous les détenus devait être le but[2].

Les nombreux massacres et crimes commis au cours de l’évacuation sont à replacer dans le cadre « des crimes de la phase ultime » du « IIIe Reich », lorsque la terreur des nazis et de leurs collaborateurs atteignit son apogée[3]. Dans quelques cas – ainsi en Lettonie –, tous les détenus ont été assassinés lors de la retraite ; dans la plupart des situations une partie seulement a été assassinée. Il s’agissait alors le plus souvent de personnes malades et faibles qui n’étaient plus transportables. Dans d’autres camps comme Auschwitz, les détenus qui n’étaient plus capables de marcher ont été laissés sur place. Dans la mesure où de semblables évacuations furent souvent décidées juste au moment où les territoires se trouvaient au plus près des lignes de front, l’organisation des convois d’évacuation se déroula souvent dans une confusion indescriptible dont de nombreux détenus furent les victimes. Précisément lors des évacuations des camps à l’est, ces convois prirent souvent la forme d’une fuite éperdue pendant laquelle les groupes de gardes faisaient avancer les détenus affaiblis à un rythme infernal vers l’ouest, pour échapper à une capture par l’armée Rouge. Les détenus qui ne pouvaient pas suivre ce rythme furent abattus le plus souvent. L’extrême dureté des conditions climatiques en janvier et en février 1945 fut également la cause de nombreux décès.

Pour qualifier ces convois d’évacuation, les survivants ont créé après 1945 le concept de « marches de la mort ». Le concept de « marches de la mort », même dans son sens le plus large, où l’on désigne non seulement des marches forcées, mais tout autant des convois en train ou par bateau ainsi que des convois en camions ou en voitures à cheval, contient toujours cependant une affirmation qualitative sur les circonstances particulières à ces convois. Avec le concept « évacuation », on évite en revanche une semblable qualification générale de tous les convois de « marches de la mort ». Au lieu de cela on permet une différenciation qui montre que seuls certains convois d’évacuation se sont transformés en marches de la mort avec un nombre élevé de victimes, alors que d’autres convois n’ont, en revanche, fait que peu ou pas de victimes[4]. Sur les 860 survivants dont les témoignages ont été recueillis en 2002 et 2003 dans le « Mauthausen Survivors Documentation Project » (MSDP), 29% environ ont indiqué avoir vécu une marche de la mort. En revanche, le double, à savoir 58 %, ont vécu un convoi d’évacuation. Cet écart important s’explique par le sens restreint donné aux marches de la mort associées par la plus grande partie des survivants aux marches à pied épuisantes qui duraient des jours, sinon des semaines et qui faisaient de nombreuses victimes. Par contre, en cas d’évacuation organisée en train, en bateau ou dans d’autres véhicules, les survivants n’ont que rarement indiqué avoir été sur une marche de la mort[5]. De plus, le concept évacuation renvoie dans son usage militaire au rapport étroit entre les opérations de guerre et l’évacuation des camps de concentration.

Les différentes expériences des survivants lors de l’évacuation des camps de concentration vont faire l’objet de ce travail de recherche à l’exemple du camp annexe de Melk, évacué en avril 1945 en plusieurs convois. L’évacuation se déroula grâce à plusieurs moyens de transport : en partie en train et en partie par bateau ou à pied. Les différences se manifestent non seulement dans les nombres de détenus tués et évadés communiqués à la Kommandantur du camp par les responsables des convois, mais bien davantage dans les rapports nettement différents des souvenirs des survivants.

Mauthausen et Melk, camps d’évacuation

Environ 85000 détenus – parmi lesquels on comptait 5000 femmes – se trouvaient au moment de la libération dans les camps encore en activité du complexe concentrationnaire de Mauthausen. La plupart étaient arrivés à Mauthausen seulement au cours de l’évacuation d’autres camps et avaient été répartis pour la plupart dans des camps annexes. Les conditions de vie dans les camps de Mauthausen devinrent vraiment dramatiques pour les détenus en raison de la croissance rapide de leur population et de la détérioration radicale de la situation d’approvisionnement. La moitié de tous les décès du camp de Mauthausen survint la dernière année de son existence.

La situation géographique du camp de concentration de Mauthausen, très éloigné des fronts, lui a valu un rôle central de lieu d’arrivée des convois d’évacuation. Dans le cadre des « projets de transfert », c’est-à-dire du transfert sous terre de l’industrie d’armement en Autriche orientale, à l’abri des attaques aériennes, se développa une demande extrêmement importante de main-d’œuvre, couverte en grande partie par les détenus évacués d’autres camps de concentration. À partir de l’automne 1943, de grandes galeries souterraines furent aménagées à Ebensee, Gusen et Melk. On leur associa des camps annexes propres. À Melk, à partir d’avril 1944, on construisit sous le nom de code de Quarz une galerie souterraine pour y installer des usines de roulements à bille et de moteurs d’avion ainsi que des parties d’une usine de chars, les « Nibelungenwerke »[6]. Au total, environ 14 400 détenus furent acheminés à Melk, où au moins 4 800 perdirent la vie. Ainsi, Melk était un des plus grands camps annexes du complexe concentrationnaire de Mauthausen. La majeure partie de ces détenus arriva au camp annexe de Melk au cours de convois d’évacuation. Cela comprend avant tout les convois du KZ de Plaszow en août 1944, du KZ de Natzweiler et du camp de regroupement de Pruszkow, à côté de Varsovie, en septembre 1944 ainsi que du camp d’Auschwitz à la fin de janvier 1945. Par extension, peuvent y être aussi comptés les convois composés avant tout de détenus juifs et polonais, transportés en mai et en juin au cours de la première phase d’évacuation du camp d’Auschwitz au camp de Mauthausen. Beaucoup de ces détenus furent acheminés au camp de Melk[7]. Les déportations de Français depuis le camp de regroupement de Compiègne en direction de Mauthausen en avril se déroulèrent déjà pendant les préparatifs du débarquement allié à l’ouest. Les mille premiers détenus acheminés au camp de Melk provenaient, pour une grande part, du convoi parti de Compiègne le 6 avril 1944 pour Mauthausen[8]. Après le dernier grand convoi d’évacuation de 2 000 détenus parti d’Auschwitz pour Melk en passant par le camp central de Mauthausen, d’autres projets de transfert de détenus pour Melk ne purent être réalisés en raison de l’avance très rapide de l’armée Rouge. Un ensemble de détenus transportés de cette façon à Melk avait vécu non pas un mais plusieurs convois d’évacuation. C’est par exemple le cas de détenus évacués en août et septembre de Maïdanek ou Plaszow et acheminés de là en janvier 1945 à Mauthausen.

L’évacuation de Melk

Après la prise de Budapest, l’armée Rouge commença, le 16 mars 1945, ses offensives sur Bratislava et sur Vienne. La rapidité de l’avance des troupes soviétiques en peu de temps provoqua la fuite éperdue de dizaines de milliers de personnes à l’ouest[9]. Des survivants du KZ de Mauthausen présents dans les camps annexes à l’est, dont celui de Melk, ne cessent de témoigner qu’ils ont vu des colonnes de soldats et de civils allemands et hongrois se diriger vers l’ouest et que ce spectacle a souvent éveillé l’espoir d’une libération imminente. Ces espoirs se sont brisés avec l’ordre d’évacuation. Des projets préalables concernant l’évacuation des camps de concentration annexes dans l’est de l’Autriche avaient déjà fait l’objet de discussions à Noël 1944 entre les hauts responsables de la SS et de la police. Dans la deuxième quinzaine de mars 1945 ont eu lieu plusieurs discussions sur cette question, auxquelles ont participé Heinrich Himmler, les Gauleiter des districts concernés et le commandant du camp de Mauthausen, Franz Ziereis. Hormis les détenus concentrationnaires de la région de Vienne, de la Basse-Autriche et de la Styrie, l’ordre d’évacuation donné fin mars concernait également à peu près 15 000 travailleurs forcés juifs et hongrois qui étaient mobilisés sur la construction du « Südostwall », ainsi que des camps de prisonniers de guerre[10]. En l’intervalle de quatre jours, du 30 mars au 2 avril 1945, tous les camps annexes de la région de Vienne furent évacués et on fit avancer la plupart des détenus par des marches forcées jusqu’à Mauthausen. Après que l’armée Rouge avait décidé « l’encerclement de Vienne à l’ouest » et après son avancée le 9 avril en direction de Sankt Pölten, les camps annexes restants du district du Bas-Danube furent évacués. L’évacuation des détenus commença le 6 avril à Amstetten, le 11 avril à Melk et le 20 avril à Sankt Valentin. À côté du camp central de Mauthausen, les détenus furent conduits dans les camps annexes encore en activité du district du Haut-Danube, avant tout à Ebensee et au centre d’accueil de Gunskirchen, installé sommairement, où des détenus furent conduits à marches forcées depuis Mauthausen. Ces camps se transformèrent dans les dernières heures du régime nazi en de véritables mouroirs en raison de la surpopulation, du manque de nourriture et des conditions sanitaires catastrophiques.

Le premier groupe de détenus à quitter le camp annexe de Melk était composé de 34 détenus norvégiens et danois qui avaient été conduits à Mauthausen le 12 mars 1945 avant le début de l’évacuation. Des négociations directes entre Heinrich Himmler et le comte Folke Bernadotte, vice-président de la Croix-Rouge suédoise, conduisirent en mars et en avril 1945 à la libération d’environ 20 000 détenus, en grande majorité des non-juifs. Les Scandinaves dans le complexe de Mauthausen furent rassemblés sur la base de cet accord au camp central et amenés par la Croix-Rouge suédoise, en passant par Neuengamme, vers le Danemark et la Suède[11]. à Melk, début mars, des bruits couraient selon lesquels les détenus scandinaves devraient être libérés. Le survivant norvégien Erling Bauck a rédigé un rapport très détaillé dans ses mémoires sur ces bruits et sur l’incertitude qui régnait alors chez les détenus :

« Mais un jour que nous rentrions affamés et fatigués du travail, Fredrik D. nous attendait dans l’escalier. À le voir on comprenait qu’il avait dû se passer quelque chose de particulier. Il nous prit à part et nous rapporta que le secrétaire du camp avait reçu un avis d’envoyer les Norvégiens, qui se trouvaient à Melk, aussi vite que possible au camp central. Toutes les personnes qui pouvaient être transportées devaient l’accompagner… Nos yeux se mirent à briller. Une boule nous prit à la gorge. Nous nous sommes regardés. Mais personne n’osait y croire. Nous ne supporterions pas une déception. Elle suffirait à étouffer notre dernier souffle de vie. »[12]

La dissolution du camp annexe de Melk commença début avril 1945. Après l’évacuation, les 1er et 2 avril des camps annexes situés à l’est de la Basse-Autriche et à Vienne, Melk devint le camp annexe situé le plus à l’est du système concentrationnaire de Mauthausen[13]. à cet instant, les travaux de construction s’arrêtèrent au camp de Melk. On procéda alors au transfert de 500 détenus dans le camp annexe d’Amstetten, qui avait à peine été bâti[14]. L’évacuation complète du camp fut réalisée par cinq convois entre le 11 et le 15 avril. Le premier convoi quitta Melk le 11 avril 1945 par le train pour le camp central de Mauthausen sous la conduite du Hauptsturmführer Klein. Les 1 500 personnes de ce convoi étaient composés d’une part de détenus malades de l’infirmerie du camp et d’autre part d’enfants et d’adolescents arrivés fin janvier d’Auschwitz à Melk par un convoi. 15 détenus moururent lors de ce premier convoi. Lors du deuxième convoi, 2 402 détenus furent embarqués sur des péniches au port de Melk sur le Danube et amenés à Linz. De là, ils durent se rendre à pied à Ebensee, qu’ils atteignirent seulement le 20 avril. En chemin, 21 d'entre eux perdirent la vie et 16 purent s’enfuir. Le même jour, un convoi de 2 000 détenus partit en train pour atteindre Ebensee le lendemain : dans ce convoi il n’y eut ni morts ni évadés. Deux jours après, un quatrième convoi de 1 444 détenus partit par le train pour Ebensee, où il arriva le 17 avril : 25 détenus s’enfuirent du convoi, aucun décès n'a été signalé[15]. Le cinquième et dernier convoi concernait un petit groupe de 55 détenus qui se rendirent à Ebensee en camions ou en voitures à cheval et où ils arrivèrent en totalité[16].

Dans les souvenirs des survivants, ces convois d’évacuation sont souvent associés aux événements les plus traumatisants de toute la durée de leur déportation. Un regard plus précis montre cependant de grandes différences entre les expériences et les souvenirs des survivants de ces convois. Dans la suite de ce travail de recherche vont être présentés des topoï, qui sont des axes de mon argumentation, associés dans les témoignages de survivants recueillis par le MSDP à l’évacuation du camp annexe de Mauthausen-Melk.

Rumeurs, angoisse et espoir

Avant le début de l’évacuation circulaient à Melk – comme dans beaucoup d’autres camps – des rumeurs selon lesquelles les détenus devaient être assassinés dans les galeries souterraines. Des rapports à ce sujet viennent de deux détenus, du médecin du camp, le Dr Sora, et du secrétaire du camp, Hermann Hofstädt, ainsi que d’un membre de la SS[17]. Dans les témoignages du MSDP qui ont été dépouillés pour ce travail, ces rumeurs ne sont mentionnées que par Heinz Kounio, un juif survivant originaire de Grèce. Sur la base d’un récit d’un co-détenu, il croit cependant que des centaines de détenus ont bel et bien été assassinés dans les galeries :

« Pour une raison que les Allemands étaient les seuls à connaître à ce moment, ils voulaient se débarrasser de ces hommes. Ils voulaient les tuer. Ils ont fermé la galerie et y ont introduit du gaz, ils les ont tous tués. Lorsque nous sommes arrivés, le crime était déjà accompli, car je faisais partie de l’équipe de midi et c’était déjà arrivé. Ils ne nous ont pas du tout laissés rentrer et nous ont reconduits à l’usine… Ils ont assassiné tout un groupe, l’équipe du matin et il n’y a eu que deux survivants… Un des survivants est un Grec et il doit sa survie à sa grande astuce. »[18]

Un autre survivant grec, Theodoros Kokolakis, originaire de Crète, rapporte avoir été averti par un infirmier que les détenus malades devaient être assassinés :

« J’avais de nouveau été atteint par la pleurésie, le Dr Pharmakis m’a soigné. Les malades étaient très nombreux, des milliers, tous les baraquements étaient pleins. Il m’a dit alors : “Écoute, Kokolakis, tu dois partir aussi vite que possible. Rentre dans ton baraquement et débrouille-toi pour arriver à Ebensee. On t’aidera à la gare pour rejoindre le camp. Tous ces patients, que tu vois maintenant ici, seront jetés par-dessus bord dans le Danube et seront dévorés par les requins. Aucun n’en reviendra.” J’ai suivi son conseil et suis rentré au baraquement. »[19]

Kokolakis est parti avec un convoi en train pour Ebensee ; les détenus de l’infirmerie ont été en revanche assassinés selon ses dires : « Nous sommes partis en train. Les autres patients ont été conduits sur des bateaux et jetés par-dessus bord, comme je l’ai appris plus tard. Ils ont été dévorés par des requins. »[20]

Des rumeurs sur des projets d’assassinat de tous les détenus existaient dans de nombreux camps. Les personnes évacuées de Melk à Ebensee furent confrontées une deuxième fois à une semblable rumeur. La question de l’existence véritable de ces projets n’a pas été éclaircie à ce jour. Lors de l’évacuation des camps annexes de Mauthausen, il y eut effectivement plusieurs fois des meurtres de détenus lourdement malades et intransportables. À Melk également 30 à 40 détenus furent laissés sur place et assassinés. Vraisemblablement une grande partie de ces détenus malades envoyés à Mauthausen y ont été les victimes des derniers massacres.

D’autres détenus, en revanche, associent le début de l’évacuation à l’espoir de survivre. Jakob Maëstro, un juif arrivé d’Auschwitz à Melk en janvier 1945, nous rapporte cette angoisse de ne pas vivre la libération :

« Un jour le camp de Melk a été bombardé. Je me souviens que c’était la première fois que j’ai utilisé le vers “Schma Jisraël”. Lorsque j’ai entendu les bombes tomber tout autour, je n’ai pas su que les Américains savaient que c’était un camp. Ils ont bombardé et tiré tout autour du camp, ça oui. Je me suis allongé par terre. Une bombe a explosé et j’ai dit à ce moment : “Schma Jisraël. Maintenant je voudrais en sortir vivant.” L’essentiel, c’est que les Russes sont arrivés jusqu’ici et les Allemands ont dû décamper de Melk. »[21] Pour l’Ukrainien Wassilij Kononenko la vue des avions alliés était un signe d’espoir : « Nos avions sont déjà passés au-dessus de nous, nous l’avons vu. Notre avion passe dans le ciel et nous crions comme s’il pouvait nous entendre de là-haut… Pourtant quelle joie ! »[22]

Le plus souvent régnait, cependant, parmi les détenus un mélange d’angoisse et d’espoir que décrit, par exemple, Erling Bauck lors de la libération des détenus scandinaves ou également le détenu tchèque d’origine juive Michal Kraus dans son journal[23].

Les convois en train

Le premier convoi d’évacuation a conduit en train les déportés à la mi-mars 1945 à Amstetten, à environ 40 km à l’ouest de Melk : on en trouve à peine la trace dans les souvenirs des survivants qui y ont participé. Jean Mansching, un détenu français, n’en fait qu’un rapide compte rendu : « Donc, on a été évacués, nous, notre commando sur Amstetten. »[24] Quant à l’évacuation du camp annexe par un convoi en train, il ne la décrit qu’en quelques mots : « Puis notre commando… On a été évacués sur le camp d’Ebensee. »[25] Le survivant ukrainien Wassilij Kononenko décrit ainsi rapidement le convoi en train en route pour Ebensee : « Le 15 avril on nous a embarqués dans des trains et conduits à la ville d’Ebensee. »[26] Dans le témoignage de Mansching, ces quelques remarques tranchent fortement avec la description très détaillée du convoi de déportés qui l’a amené du camp de regroupement de Compiègne à Mauthausen au début avril 1944 et auquel il a fallu trois jours. Pour Heinz Kounio également, évacué avec son père d’Auschwitz à Mauthausen, un convoi en train n’avait rien de nouveau : « Nous sommes encore une fois montés dans des wagons pour être conduits à Ebensee, le coup habituel, mais cette fois les wagons étaient plus longs et plus grands, c’étaient des wagons de mine, des wagons de mine de fer, de grands wagons en fer… Nous avions deux gardes, et ils nous ont conduits à Ebensee. »[27]

Sa description du convoi se distingue à peine, dans sa brièveté, des récits sur la déportation depuis la Grèce et sur l’évacuation d’Auschwitz. De ces récits d’évacuation, on peut conclure de manière général que les survivants n’ont guère de souvenirs des convois par train. En revanche, les survivants des évacuations à pied ont gardé des souvenirs plus précis de faits comme la fuite de co-détenus ou les attaques aériennes des Alliés.

Les marches forcées

Les survivants, qui ont participé aux marches forcées vers Ebensee, en ont gardé des souvenirs très précis et circonstanciés qui contrastent avec les souvenirs des convois en train. Les détenus avaient été, dans un premier temps, transportés sur des chalands de Melk à Linz. À proximité de Wels, les détenus passèrent la nuit dans une grange et pendant cette nuit quelques–uns essayèrent de s’enfuir. La marche forcée se poursuivit en traversant Lambach jusqu’à Gmünden, où les colonnes de la marche passèrent la nuit sur le terrain de l’ancienne brasserie. On prétend qu’environ 40 détenus y auraient été abattus. Le troisième jour, la colonne reprit sa marche en avant jusqu’au camp annexe d’Ebensee[28].

Miksa Mechlowitz, arrivé avec son frère en mai 1944 d’Auschwitz à Melk et séparé de son frère lors de l’évacuation, décrit la marche forcée :

« Les gens tombaient sur le bord du chemin, parce qu’ils étaient trop faibles pour continuer à avancer. Ils furent par conséquent abattus sur place… Nous avions besoin d’eau, nous ne recevions pas suffisamment d’eau. Un jour que nous traversions un marché en Autriche, il y avait sur la place des pompes à eau, vraisemblablement de l’eau pour les animaux. Je voulus aller me chercher de l’eau, je pris mon écuelle pour avoir de l’eau. Le garde m’a vu, il m’a frappé sur la tête avec la crosse de son fusil et l’eau s’est répandue par terre. J’en ai tiré des maux de tête, mais pas de l’eau. C’était une marche difficile, parce que nous étions déjà très faibles et affamés. La plupart d’entre nous ne l’ont pas terminée. »[29]

Interrogé sur ses pensées pendant cette marche forcée, il répondit : « Eh bien, simplement, comment j’allais la terminer. Comment j’arriverais là où je devais arriver. »[30]

Nicholas Stashko, un détenu polonais de la région de Lemberg, décrit la marche forcée avec la même profusion de détails. Il relate en particulier une halte dans un couvent où des nonnes ont apporté de l’eau aux détenus :

« Ces sœurs voulaient nous aider, elles nous ont demandé : “Avez-vous faim ?” Les SS les ont poussées loin de nous et ont dit : “Non, ils n’ont pas faim, ils ont soif.” Ils nous ont emmenés à la pompe, où nous pouvions boire de l’eau. Nous étions très contents de boire cette eau. Mais leur excuse était que nous avions tellement soif parce que nous avions trop mangé. Chacun voyait que nous étions en train de mourir de faim. »[31]

Stashko avait déjà fait l’expérience de deux convois d’évacuation : tout d’abord d’une prison de Lemberg jusqu’à Auschwitz et ensuite, en janvier 1945, l’évacuation d’Auschwitz. Chaque évacuation avait été pour lui pire que la précédente. Jack Betteil, arrivé en août 1944 de Plaszow à Mauthausen, décrit le convoi comme une marche de la mort :

« Nous étions dans un train, puis nous avons été obligés de marcher longtemps à travers des champs verts. Et les gens tombaient comme s’ils étaient morts, vous n’avez jamais vu une scène pareille dans votre vie, c’était une marche de la mort. »[32]

L’arrivée

De nombreux détenus évacués de Melk avaient déjà, pendant leur déportation, appris à connaître de nombreux lieux d’internement : des ghettos, des prisons, des camps de prisonniers de guerre, des camps de travaux forcés ou des camps de transit. Chaque convoi, qui arrivait dans un nouveau camp, était synonyme d’angoisses et d’espoirs : de l’espoir, que cela pourrait s’améliorer, et de l’angoisse, que cela pourrait être pire. À leur arrivée au but de leur évacuation – au camp central de Mauthausen ou bien à Ebensee –, les évacués de Melk pouvaient déjà se référer à une série d’expériences et y intégrer leurs chances de survie dans le nouveau camp.

Jakob Maëstro est rentré avec le convoi des enfants et des malades au camp central et a été, peu de temps après, entraîné dans une marche forcée vers Gunskirchen en évacuant le camp central. Il ne mentionne même pas le séjour à Mauthausen. Il se rappelle avoir été emmené directement de Melk à Gunskirchen. Bien qu’il régnât à Gunskirchen une confusion indescriptible et que les détenus y mouraient en masse, Maestro était content de ne pas être arrivé à Ebensee, où c’était encore pire selon lui : « À Wels, il n’y avait presque pas de baraquements. C’était dans la forêt. Nous y avons erré sans rien manger, sans rien. J’y ai entendu dire qu'Ebensee, c’est encore pire. À Ebensee, on mange des cadavres. »[33]

En dépit du manque de nourriture et de la mort de quelques-uns de ses co-détenus originaires de Salonique, il se rappelle avant tout la liberté de mouvement dans le camp :

« Le principal, c’est que nous nous sommes déplacés librement à l’intérieur du camp. »[34]

Miksa Mechlowitz, qui était arrivé à Ebensee avec une marche forcée, décrit le camp comme un « désordre complet ». Il sentait ses forces dépérir chaque jour : « Mes pieds ont commencé à gonfler. Et c’était à cette époque une course pour essayer de survivre et pour être libéré. La course entre la mort et la libération. » Dans le camp, il se mit à essayer de trouver des connaissances :

« Et je suis allé dans un de ces baraquements, qu’ils appelaient le baraquement des musulmans. Pourquoi ils les appelaient des musulmans. Je ne sais pas. Parce que les personnes assises là-bas n’avaient plus aucun muscle. Et cela puait, parce que bon nombre d’entre elles étaient déjà mortes. Bon nombre agonisaient et avaient perdu le contrôle de leur corps. Je suis tombé sur un de mes cousins. Je lui ai dit : “Que fais-tu ici ?” C’était une question stupide parce qu’il m’a dit : “Je meurs. Je ne veux plus vivre.” Parce qu’il savait déjà à ce moment qu’on avait tué sa femme et ses cinq enfants. »[35]

Mechlowitz attribue sa survie au fait de ne pas avoir été obligé de travailler : « Nous ne faisions que traîner. Nous nous tenions à l’écart des gradés pour ne pas être frappés. Parce que, je vous le dis, nous en avions assez d’être frappés. »

Nicholas Stashko, qui avait rejoint également Ebensee à pied, a trouvé le camp pire que tous les précédents : « Ainsi, notre arrivée à… Ebensee, la même chose sinon pire. »[36] Même Theodoros Kokolakis décrit le camp comme le pire : « Après Melk, j’ai été emmené dans un autre enfer, c’était encore pire. »[37] Il rapporte que les détenus ont été poussés dans des baraquements pleins à craquer, que les cadavres étaient transportés chaque matin à l’extérieur et amenés au crématoire ou bien jetés dans des fosses : « Dans cet enfer, dans ces fosses communes, dans cet espace, nous étions au moins mille personnes. Personne n’assurait notre garde. Il y avait environ 600 à 700 cadavres et les 300 autres personnes étaient peut-être encore vivantes. »[38]

L’hécatombe parmi les détenus conduit Jack Betteil à qualifier Ebensee de camp de la mort : « C’était un véritable camp de la mort… Quand nous sommes arrivés à Ebensee, oh !, quand nous sommes entrés dans le camp, la puanteur, l’odeur, la mort étaient tout autour de nous. »[39] Pour survivre, il échangea avec des détenus russes des cigarettes contre de la viande. Sur ce arriva sa pire expérience de toute la déportation, puisqu’on lui proposa de manger de la chair humaine : « Et je l’ai mangé. Et ces deux types étaient assis et riaient. Comme des fous. Alors je lui ai dit :

– De quoi ris-tu ? Le marché avait été conclu…

– Alors, tu sais ce que tu viens de manger ? Tu as mangé un morceau d’un corps mort. Une partie d’un être humain.

Il m’a dit cela. C’est incroyable. Incroyable. Ainsi j’ai mangé ce morceau de viande. Et je me suis senti horriblement mal. Je ne pouvais rien y faire. Il n’y a aucune punition, rien. Rien. Et ça, c’était Ebensee. »[40]

Ebensee se transforma les dernières semaines de la guerre en un véritable mouroir. Plus de 4 200 détenus moururent du début avril jusqu’à la libération, le 6 mai 1945, soit plus que la moitié de la totalité des morts depuis l'ouverture du camp annexe d’Ebensee. Environ 730 détenus moururent encore après la libération des suites de la détention[41]. La situation était identique au camp central de Mauthausen et au camp de détention de Gunskirchen. On ne connaît pas le nombre exact de détenus évacués de Melk parmi ces morts.

 


[1] Karin Orth nous donne un résumé des différentes phases des évacuations des KZ dans son ouvrage, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager. Eine politische Organisationsgeschichte, Hambourg, Hamburger Edition, 1999, p. 270-336. Une vue d’ensemble est donnée par l’ouvrage de Daniel Blatman, Les Marches de la mort, Paris, Fayard, 2009. Pour la définition, voir Joshua Castellino, « Death March », in Dinah L. Shelton (éd.), Encyclopedia of Genocide and Crimes against Humanity, vol. 2, Londres, Mac Millan Reference, 2005, pp. 226-229, ici p. 226.

[2] Sur ce débat, voir Yehuda Bauer, « The Death Marches, January-May 1945 » dans l’ouvrage Modern Judaism 3.1. (1983), pp. 1-21 ; Daniel J. Goldhagen, Hitler’s Willing Executioners. Ordinary Germans and the Holocaust, New York, Knopf, 1996 ; ainsi que Blatman, Les Marches de la mort, op. cit.

[3] Sur les crimes de la phase ultime, voir l’ouvrage édité par Cord Arendes, Terror nach innen. Verbrechen am Ende des Zweiten Weltkrieges, Göttingen, Wallstein, 2006 (Dachauer Symposien zur Zeitgeschichte, 6) ; Ian Kershaw, The End. Hitler’s Germany, 1944-45, Londres, Allan Lane, 2011.

[4] Voir à ce sujet Marc Masurovsky, « Visualizing the Evacuations from the Auschwitz-Birkenau Camp System : When does an Evacuation Turn into a Death March ? » in Jean-Luc Blondel et al. (éds), Freilegungen. Auf den Spuren der Todesmärsche, Göttingen, Wallstein, 2012 (Jahrbuch des International Tracing Service, 1), pp. 108-121.

[5] Dans le cadre du « Mauthausen Survivors Documentation Project » (MSDP), environ 860 survivants du camp de concentration de Mauthausen ont fourni des témoignages dans de nombreux pays européens, en Israël, en Amérique du Nord et du Sud : 84 d’entre eux étaient au camp annexe de Melk. Ces témoignages ont été exploités avec le projet international « Mauthausen Survivors Research Project » (MSRP). La publication des résultats de cette recherche est en préparation sous le titre Europa in Mauthausen. Die Geschichte der Überlebenden eines nationalsozialistischen Konzentrationslagers, édité par Gerhard Botz, Alexander Prenninger, Regina Fritz et Heinrich Berger.

[6] Pour le camp annexe de Melk, voir surtout l’ouvrage de Bertrand Perz, Das Projekt « Quarz ». Der Bau einer unterirdischen Fabrik durch Häftlinge des KZ Melk für die Steyr-Daimler-Puch AG 1944-1945, Innsbruck, Vienne, Bozen, Studienverlag, 2014.

[7] Sur la controverse de savoir si le déplacement d’environ 65 000 détenus d’Auschwitz dans des camps de concentration dans l'Altreich est à évaluer comme un convoi d’évacuation, voir Karin Orth, Das System…, op. cit., p. 271 ; Andrzej Strzelecki, Endphase des KZ Auschwitz. Evakuierung, Liquidierung und Befreiung des Lagers, Oswiecim, Staatliches Museum Auschwitz-Birkenau, 1995, p. 93.

[8] Voir Bertrand Perz, Das Projekt « Quarz », op. cit., p. 281.

[9] Manfred Rauchensteiner, Der Krieg in Österreich’ 45, Vienne, Der Graph, 1995, p. 121 et ss.

[10] Voir à ce sujet le témoignage de Baldur von Schirach à Nuremberg, édité par le International Military Tribunal, Der Prozess gegen die Hauptkriegsverbrecher vor dem Internationalen Militärgerichtshof, Nürnberg 1947, vol. 14, p. 484. Le commandant du camp de Wiener-Neudorf, Kurt Schmutzler, fait aussi un rapport au procès de Mauthausen à Dachau. NARA, Mikrofilmpublication M1100, Case N° 000-50-5-2 (US vs. Ernst Walter Dura et al.), Roll 1, Bl. 559-566 : Kurt Schmutzler : témoignage (Schmutzler-Direct), 19.06.1947 ; Ibid., Bl. 778-780 : Kurt Emil Schmutzler : Affidavit (Document N° 42-44, Prosecution Exhibit N° 10) 18.07.1946.

[11] Sur la réception critique de « l’ Action Bernadotte », voir Oliver von Wrochem et Lars Jockheck (éds), Skandinavien im Zweiten Weltkrieg und die Rettungsaktion Weiße Busse. Ereignisse und Erinnerung, Berlin, Metropol, 2012 (Neuengammer Kolloquien, 2).

[12] Erling Bauck, Du skal leve, Oslo, Aschehoug, 1979, p. 218 et ss. Citations in Bertrand Perz, Das Projekt « Quarz », op. cit., p. 520.

[13] Je suis ici la description très détaillée du livre de Bertrand Perz, Das Projekt « Quarz », op. cit., pp. 523-549.

[14] Archives du lieu de mémoire du KZ Mauthausen (AMM), 2.2.7.2., V8, Bl. 3335 et suivantes, annonce d’une modification pou le 2 avril 1945.

[15] Sur ce convoi, il existe un rapport très détaillé du survivant français Robert Monin, qui réussit à s’enfuir mais qui, au bout de quelques jours, rencontra des colonnes qui avançaient à marche forcée et arriva cependant au camp annexe d'Ebensee. Christian Bernadac, Déportation (1933-1945). Vol. 3, Paris, France-Empire, 1993, pp. 589-595.

[16] Sur ce convoi, il y a peu de sources. Robert Monin rapporte avoir rencontré dans sa fuite une voiture à cheval avec André Ulman, dit « Pichon », le secrétaire à la mobilisation de la main-d’œuvre, accompagné d’un seul et unique garde.

[17] Hermann Hofstädt, « Aus dem KZ.-Lager Melk », in Nazi-Opfer 2.2 (31.1.1946), p. 6.

[18] AMM, MSDP, OH/ZP1/630, témoignage de Heinz Kounio recueilli par Alexios Menexiadis le 22.1.2003.

[19] AMM, MSDP, OH/ZP1/622, témoignage de Theodoros Kokolakis recueilli par Grigoris Psallidas le 29.10. 2002.

[20] AMM, MSDP, OH/ZP1/622, témoignage de Kokolakis.

[21] AMM, MSDP, OH/ZP1/299, témoignage de Jakob Maëstro recueilli par Keren Harazi le 17.06.2002.

[22] AMM, MSDP, OH/ZP1/654, témoignage de Wassilij Kononenko recueilli par Alena Koslova le 16.1.2003.

[23] Michal Kraus, Denik 1942-1945 ; Kromeriz, Kvartus media, 2012, p. 59.

[24] AMM, MSDP, OH/ZP1/197, témoignage de Jean Mansching recueilli par Anne-Sophie Pico le 24.06.2002.

[25] Ibid.

[26] AMM, MSDP, OH/ZP1/654, témoignage de Kononenko.

[27] AMM, MSDP, OH/ZP1/630, témoignage de Kounio.

[28] Au sujet de l’itinéraire de cette marche forcée, voir les souvenirs de Claus Salomon, « La fin (Extrait du journal d’un médecin des détenus) », in Der KZ-Häftling 5.2 (1946), pp. 2-3.

[29] AMM, MSDP, OH/ZP1/234, témoignage de Miksa Mechlowitz recueilli par Sara Ghitis le 11.06.2002.

[30] Ibid.

[31] AMM, MSDP, OH/ZP1/447, témoignage de Nicholas Stashko recueilli par Elisabeth Pozzi-Thanner le 15.01.2003.

[32] AMM, MSDP, OH/ZP1/303, témoignage de Jack Betteil recueilli par Sara Ghitis le 22.08.2002.

[33] AMM, MSDP, OH/ZP1/299, témoignage de Maëstro.

[34] Ibid.

[35] AMM, MSDP, OH/ZP1/234, témoignage de Mechlowitz.

[36] AMM, MSDP, OH/ZP1/447, témoignage de Stashko.

[37] AMM, MSDP, OH/ZP1/622, témoignage de Kokolakis.

[38] Ibid.

[39] AMM, MSDP, OH/ZP1/303, témoignage de Betteil.

[40] Ibid. De nombreux cas de cannibalisme sont mentionnés par de nombreux survivants du système concentrationnaire de Mauthausen. Voir Imke Hansen, Kobi Kabalek, « Narrationen moralischer Grenzüberschreitung. Stehlen und Kannibalismus im Lagerkomplex Mauthausen », in Gerhard Botz, Regina Fritz, Alexander Prenninger (éds), Europa in Mauthausen, vol. 2 (en préparation).

[41] Sur les nombres, voir Florian Freund, Die Toten von Ebensee. Analyse und Dokumentation der im KZ Ebensee umgekommenen Häftlinge 1943-1945, édité par Dikumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes, Vienne, Braintrust, 2010, pp. 53-73.

Continuer la lecture avec l'article suivant du numéro

La Suisse et les déportées, 1945-1947 : accueil, témoignage, prise de conscience

Éric Monnier, Brigitte Exchaquet-Monnier

De l’été 1945 au printemps 1947, quelque 500 anciennes déportées, la plupart résistantes mais aussi juives, sont venues en convalescence en Suisse à l’initiative de Geneviève de Gaulle. Dans le prolongement du livre qu’ils ont consacré à cette page peu connue de l’après-déportation, les auteurs s’interrogent sur la prise de conscience de la déportation en Suisse, par le biais des témoins et de la presse, sur le témoignage et/ou le silence des déportées, sur l’héritage du traumatisme…

Lire la suite

Du même auteur

Tous les articles

Aucune autre publication à afficher.