N°4 / Fin des camps. Libérations des déportés

L’évacuation du camp de Neuengamme et de ses Kommandos au printemps 1945

Detlef Garbe

Résumé

Le camp de Neuengamme est le seul camp principal entièrement évacué à la fin de la guerre. C'est pourquoi il ne fut pas rattaché aux images connues des horreurs d’autres camps, aussi bien pour les libérateurs que pour le grand public. La phase d’évacuation de Neuengamme et de ses plus de 85 Kommandos dans le nord-ouest de l’Allemagne ne représente qu’une courte période dans l’histoire du camp qui eut six ans et demi d'existence. Pendant six semaines environ, de fin mars à début mai 1945, de multiples évènements se déroulèrent parallèlement : la SS fit errer des dizaines de milliers de détenus à pied sur les routes et en train dans le nord de l’Allemagne, la Croix-Rouge suédoise parvint à libérer des milliers de détenus scandinaves à Neuengamme, tandis que des détenus étaient assassinés en grand nombre pour empêcher leur libération par les Alliés. Au-delà d’une chronologie des faits, cet article présente une structure de l’évacuation de l’ensemble des camps de Neuengamme ainsi qu’un aperçu du rôle qu’y ont joué les différentes instances locales et régionales, et les facteurs qui ont influencé leurs marges de manœuvre.

Cette contribution est une version abrégée et revue de Detlef Garbe, « Die Räumung der Konzentrationslager in Norddeutschland und die deutsche Gesellschaft bei Kriegsende », in Oliver von Wrochem (éd.), Das KZ Neuengamme und seine Außenlager : Geschichte, Nachgeschichte, Erinnerung, Bildung, Berlin, Metropol, 2010, pp. 111-135. Traduit par Christine Eckel (Helmut-Schmidt-Universität Hamburg/KZ-Gedenkstätte Neuengamme).

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La fin du camp de Neuengamme et de ses plus de 85 Kommandos dans le nord de l’Allemagne ne représente qu’une courte période dans l’histoire du camp[1] qui dura six ans et demi : la phase de l’évacuation ne dura que six semaines environ, de fin mars à début mai 1945. En y regardant de plus près, il se révèle qu’un grand nombre d’événements se déroulèrent en parallèle : les SS jetèrent des dizaines de milliers de détenus apparemment sans but sur les routes et dans les trains, la Croix-Rouge suédoise parvint à libérer des milliers de détenus scandinaves à Neuengamme de l’emprise SS, tandis qu’en même temps les SS assassinaient un grand nombre de détenus en vue d’empêcher leur libération par les troupes alliées. Neuengamme fut le seul camp central entièrement évacué lorsque la guerre prit fin. Aussi ne présenta-t-il pas à la postérité d’images d’horreurs comparables à celles d’autres camps de concentration – ce qui allait se révéler décisif pour l’histoire d’après-guerre de Neuengamme.

L’évacuation successive des Kommandos

Sous la menace de l’avancée des troupes alliées britanniques et américaines à l’ouest, les SS se virent contraints d’évacuer les premiers Kommandos du camp de Neuengamme en mars 1945.

Certaines initiatives émanèrent également des entreprises qui voulaient se débarrasser des détenus des camps de concentration avant la fin de la guerre[2]. La dissolution du système des Kommandos débuta le 26 mars 1945 avec l’évacuation des camps de Meppen-Versen et Dalum dans la région de l’Emsland. Elle évolua au même rythme que les troupes alliées progressaient du Rhin vers l’Elbe : La première semaine d’avril vit l’évacuation des Kommandos de Porta Westfalica, de ceux de Wilhelmshaven, Hanovre, Brunswick, Salzgitter et ainsi que des deux Kommandos de femmes à Brême, Obernheide et Uphusen. Puis à partir du 7 avril commença l’évacuation des derniers Kommandos de Brême ainsi que ceux de la région de Hambourg.

Jusqu’à la mi-avril 1945, la majorité des 57 Kommandos du camp de Neuengamme encore existants furent dissolus. Pour éloigner les détenus des troupes alliées qui approchaient, les détenus furent transportés dans des trains de marchandises hâtivement réquisitionnés, dans des camions ou durent faire la route à pied. Au cours de ces marches qui, souvent, ont duré plusieurs jours, les SS tuèrent les détenus qui ne pouvaient pas suivre et restaient à la traîne. Pour les convois en train, qui duraient souvent plus d’une semaine, les détenus avaient reçu dans le meilleur des cas des vivres pour un ou deux jours. Les conditions d’hygiène dans les wagons surpeuplés étaient catastrophiques, il n'y avait plus de distribution d’eau. En raison de la destruction de voies ferrées et des bombardements alliés, les transports erraient parfois d’un lieu à un autre, sans but. Sans cesse, les SS responsables des convois recevaient des ordres nouveaux, voire des ordres contradictoires.

« Mouroirs » – Les camps de rassemblement

D’abord, des détenus des Kommandos – surtout ceux qui étaient considérés comme « aptes au travail » – étaient dirigés vers le camp central de Neuengamme. Celui-ci étant de plus en plus surpeuplé, la majorité des transports en provenance des Kommandos furent envoyés dans les soi-disant camps de rassemblement (Auffanglager). Il s’agissait ici d’un type de camp qui a seulement existé les dernières semaines de la guerre. Des détenus français ont donné à ces camps le nom de « mouroirs », les camps de la mort. Ceux-ci n’étaient nullement préparés au très grand nombre de détenus qui affluaient et l’évolution de la guerre ne permettait guère aux SS d’organiser de quelconques préparations. Les camps de rassemblement étaient souvent des solutions de fortune pour accueillir les détenus, vu qu’il n’était plus possible d’atteindre les autres camps.

Puis, plusieurs milliers de détenus hommes, des malades relégués du camp central et des détenus des Kommandos de Hanovre, ainsi qu’une partie des détenus de Salzgitter et plus de 6000 détenues, en majorité juives, des Kommandos de femmes du camp de Neuengamme, furent dirigés vers le camp de concentration de Bergen-Belsen[3]. Selon Max Pauly, le commandant du camp de Neuengamme, le chef supérieur SS et de la police (Höherer SS- und Polizeiführer) en charge de Hambourg avait ordonné « que les détenus malades ainsi que les juifs soient envoyés à Bergen-Belsen »[4].

Depuis mars 1944, Bergen-Belsen servait de camp de rassemblement et de mouroir pour des détenus malades et exténués venant d’autres camps de concentration. Avec la dramatique surpopulation résultant des transports d’évacuation des camps de l’est vers Bergen-Belsen commença la mort en masse.

Bergen-Belsen, le seul camp central à ne pas être évacué – ce qui aurait de toute façon été impossible vu les circonstances –, fut remis le 15 avril 1945 aux troupes britanniques. Celles-ci furent confrontées à des scènes horribles : des milliers de morts non enterrés et 56000 hommes et femmes marqués par l’affaiblissement, les maladies et la mort.

Vu que Bergen-Belsen n’était plus disponible comme camp de rassemblement à partir de la deuxième semaine d’avril, les SS devaient trouver une autre solution. À partir du 12 avril, 9 000 détenus au total, en majeure partie arrivant des Kommandos de l’Emsland, de Wilhelmshaven et de Brême, mais aussi de certains Kommandos de Hambourg, furent dirigés vers Sandbostel, près de Bremervörde. Une partie de ce camp de prisonniers de guerre mis en place en 1939, le Stalag X B Sandbostel, fut isolée pour y rassembler les détenus de camps de concentration[5]. Ici aussi, le ravitaillement des hommes, dont beaucoup faisaient partie de convois de malades, était totalement insuffisant.

Dans la nuit du 19 au 20 avril 1945, les SS quittèrent le camp de Sandbostel avec quelques centaines de détenus « aptes à marcher ». Ils rejoignirent, à bord du bateau « Olga Siemers », Flensbourg où ils furent embarqués avec des détenus du camp central de Neuengamme sur le « Rheinfels ». Ces détenus ne furent libérés qu’après la fin de la guerre, le 10 mai[6].

Les soldats britanniques arrivés le 29 avril à Sandbostel se virent confrontés aux mêmes scènes que deux semaines auparavant à Bergen-Belsen. Entre le 12 et le 29 avril 1945, ainsi que dans les semaines qui suivirent, près de 3 000 détenus de camps de concentration moururent à Sandbostel – soit un détenu sur trois.

Outre Bergen-Belsen et Sandbostel, un troisième camp devint camp de rassemblement pour environ 5000 détenus en provenance des Kommandos du camp de Neuengamme : Le Kommando Wöbbelin, près de Ludwigslust, dont la construction avait commencé seulement en février 1945 et n’était pas achevée[7]. Les SS firent disparaître sans doute plus de 1000 détenus, morts de faim et de maladies, dans des fosses communes près du camp. Le 1er mai, les SS tentèrent de transporter des détenus en train à Lübeck pour les embarquer sur des bateaux. Ce plan échoua en raison des bombardements alliés. Le 2 mai 1945, des membres de la 82e division aéroportée américaine arrivèrent à Wöbbelin.

Ces trois camps de rassemblement, où se trouvaient près de 25 000 détenus du camp de Neuengamme, étaient ou devinrent des camps de la mort, des mouroirs dans lesquels des milliers périrent de faim et de maladies : 1000 détenus à Wöbbelin et 3000 à Sandbostel. Le nombre des victimes venant de Neuengamme parmi les 25000 détenus qui moururent à Bergen-Belsen dans les semaines précédant ou suivant la libération n’est pas connu.

Certains transports d’évacuation avaient d’autres destinations. Ainsi, plusieurs milliers de détenus, hommes et femmes, des deux Kommandos de Salzgitter-Watenstedt/Leinde arrivèrent en trains de marchandises – au moins deux – le 14 avril, après plusieurs journées d’errance au camp de concentration de Ravensbrück. Peu après leur arrivée, les hommes furent poussés à pied vers le nord-ouest, sans doute vers la mer Baltique. Certains parvinrent à Wöbbelin, d’autres à Malchow, dans le Mecklembourg, où ils furent libérés le 2 mai 1945 par des troupes américaines.

L’évolution de la guerre eut pour conséquence de restreindre de plus en plus les possibilités des SS qui devaient prendre des décisions en fonction de la situation du moment. Aussi certaines évacuations se firent-elles à l’opposé de ce qui avait été prévu au départ. Un convoi de plus de 2000 femmes qui avait quitté le Kommando de Helmstedt-Beendorf le 8 avril 1945 et qui après un voyage de plusieurs jours s’était arrêté trois jours à Sülsdorf en Mecklembourg, où les SS firent disparaître dans des charniers un nombre important de morts, rebroussa chemin vers l’ouest et arriva le 20 avril à Hambourg – juste quand commença l’évacuation du camp central de Neuengamme pour qu’il ne reste aucun détenu sur le territoire de la ville de Hambourg.

Les meurtres en masse avant l’arrivée des alliés

En général, les détenus ne connaissaient pas la destination des transports d’évacuation. Souvent les destinations prévues devaient être modifiées en raison de camps surpeuplés, de la progression des troupes alliées ou de nouveaux ordres de marche, ou alors les trains devaient trouver des déviations, en raison de la destruction de voies de communication, des menaces de bombardement ou pour des raisons impératives d’approvisionnement. Les détenus et, sans doute, les équipes de gardiens y voyaient une confusion absurde. Les détenus ne percevaient aucune logique dans cette manière d’agir – sauf celle de vouloir en faire mourir le plus grand nombre.

La situation semblait complètement incontrôlée quand les transports ne pouvaient plus poursuivre leur route et qu’ils se trouvaient bloqués dans une « impasse ». Dans de pareilles situations, les commandants SS et les gardiens avaient le choix de prendre la fuite et libérer les détenus ou de s’en « débarrasser » différemment. Le « massacre de Gardelegen » compte parmi les crimes les plus connus de la phase finale.

Entre le 9 et le 11 avril 1945, plusieurs transports de Kommandos du camp de Mittelbau-Dora et des transports de détenus malades du Kommando de Neuengamme à Hanovre-Stöcken finirent leur route dans la région de l’Altmark. À la suite de l’avancée des troupes américaines au nord et au sud, à la hauteur de l’Elbe, les convois étaient encerclés à Gardelegen. En accord avec le représentant local du NSDAP Thiele, les SS poussèrent les détenus dans une grange située en dehors de la ville. Ils incendièrent la paille stockée dans la grange après l’avoir arrosée d’essence. C'est là que 1 016 détenus brûlèrent vifs, moururent asphyxiés ou furent tués par balles par les SS en tentant d’échapper aux flammes[8].

D’autres crimes épouvantables se produisirent à Celle et à Lüneburg. Lors d’un bombardement de la gare de marchandises de Celle le 8 avril 1945 par l’aviation américaine, un train transportant environ 3 420 détenus des Kommandos du camp de Neuengamme et de Buchenwald fut touché[9]. Des centaines de détenus brûlèrent dans les wagons fermés. Ceux qui réussirent à fuir cherchèrent à se cacher dans la ville et dans la forêt voisine.

Le lendemain, sur l’ordre du Generalmajor Paul Tzschökell, le commandant de la ville de Celle, des unités SS, de la Wehrmacht et de la police, en partie secondées par la Jeunesse hitlérienne et par des civils, se mirent à pourchasser les détenus. Lors de ces événements, connus plus tard dans la région sous le nom cynique de « chasse aux lapins », au moins 170 détenus furent tués par balles ou massacrés.

À Lüneburg, un train transportant environ 400 détenus du Kommando de Wilhelmshaven-Alter Banter Weg qui n’étaient plus « aptes à marcher » fut également touché lors d’un bombardement allié le 7 avril 1945 – plus de 200 détenus y trouvèrent la mort. Le lendemain, les SS emmenèrent les survivants du bombardement à Bergen-Belsen. Ici aussi, les rescapés furent recherchés pendant plusieurs jours avec le concours de la population locale[10]. Les soldats de la Marine, affectés à la garde, et le dernier des SS, Gustav Alfred Jepsen, assassinèrent le 11 avril 1945 entre 60 et 80 détenus avant de prendre eux-mêmes la fuite.

Les motifs expliquant ces massacres sont très divers : la colère engendrée par les bombardements alliés, le désespoir face à la défaite qui s’annonçait, la haine envers les détenus et la volonté d’éliminer les témoins des crimes commis, mais aussi la lâcheté et le souhait de se débarrasser des détenus pour pouvoir prendre la fuite.

Les événements qui ont eu lieu à Salzwedel, situé à seulement 40 km de Gardelegen, montre que le destin des détenus de camp de concentration pouvait prendre une autre tournure[11]. Peu après l’arrivée, le 14 avril 1945, de plus de 1000 femmes des Kommandos évacués de Porta Westfalica-Hausberge et de Fallersleben, l’armée américaine put libérer à Salzwedel même environ 3000 femmes pour la plupart juives. La libération du camp de femmes à Salzwedel que le commandant ne fit pas évacuer et le massacre de la veille à Gardelegen illustrent à quel point la frontière entre la vie et la mort, entre l’extermination et la libération était particulièrement mince en ces derniers jours de guerre.

L’évacuation des détenus scandinaves en « bus blancs »

Deux événements historiques complètement opposés dans leur impact et leur perception sont liés à la dissolution du camp de Neuengamme, événements qui démontrent de manière radicale le dilemme entre extermination et libération : le sauvetage des détenus scandinaves par la Croix-Rouge suédoise et l’embarquement des détenus restés à Neuengamme sur des bateaux concentrationnaires.

La libération de tous les détenus danois et norvégiens dans le cadre d’une action de sauvetage de grande envergure n’a réussi que grâce à la persévérance de services scandinaves qui rencontraient une disposition croissante du commandement SS à faire des concessions, la fin de la guerre venant[12]. Déjà fin 1943, le Danemark réfléchissait au rapatriement des ressortissants danois déportés. Parallèlement aux efforts danois, le gouvernement de la Norvège en exil en Suède intervenait pour le rapatriement des détenus norvégiens. Il était en étroit contact avec le comte Folke Bernadotte, vice-président de la Croix-Rouge suédoise. Ce dernier rencontra à plusieurs reprises le Reichsführer-SS Heinrich Himmler et le chef de l’Office central de la sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt) Ernst Kaltenbrunner en vue de négociations secrètes. Plusieurs accords furent signés car Himmler espérait se servir de Bernadotte pour entrer en contact avec les Britanniques afin de négocier sur le front de l’ouest un armistice qui aurait permis d’éviter une défaite totale et de poursuivre la guerre contre l’armée Rouge. Ainsi, à la mi-février, Himmler autorisa le rassemblement de tous les Danois et Norvégiens internés dans des prisons et camps de concentration allemands. Neuengamme étant le camp de concentration le plus au nord de l’Allemagne, il fut choisi pour le rassemblement et le rapatriement ultérieur en Suède des détenus. Ce fut le début d’une action humanitaire sans précédent. Dans les semaines suivantes, 36 bus et autres automobiles de la Croix-Rouge suédoise se rendirent dans un grand nombre de prisons et de camps pour amener des milliers de détenus danois et norvégiens à Neuengamme. En mars 1945, y fut installé un « camp des Scandinaves » séparé des détenus des autres nations et le personnel de la Croix-Rouge reçut la permission d’y pénétrer.

Le bâtiment en briques situé directement au bord de la route du camp et qui abritait quatre blocks de détenus sur une superficie de près de 3 000 m2 fut choisi pour la séparation des détenus. Mais pour y installer le « camp des Scandinaves », il fallait d’abord « vider » le bâtiment. Depuis son achèvement fin 1944, le bâtiment en briques de deux étages servait de soi-disant « Blocks de repos » (Schonungsblocks) pour plusieurs milliers de détenus qui n’étaient plus en mesure de travailler. Pour vider ces Blocks totalement surpeuplés qui étaient surnommés « Blocks de la mort » (Sterbeblocks), les SS eurent recours à la Croix-Rouge suédoise et à des détenus scandinaves. L’évacuation des détenus alités et souvent mourants, qui ne savaient pas si cela signifiait de l’aide ou la proche extermination, est décrite par les détenus danois et norvégiens ainsi que par les conducteurs des bus suédois comme un des moments les plus difficiles.

Fin mars, les SS firent transporter avec les « bus blancs » environ 2 000 de ces détenus d’autres nationalités, dont beaucoup de Polonais et de Français vers des Kommandos à Hanovre et Salzgitter (Watenstedt/Leinde). Les détenus étaient profondément déçus quand ils réalisèrent que les bus ne les emmenaient pas vers la liberté, mais vers d’autres camps. Ils se sentaient trahis par la Croix-Rouge, dont ils avaient espéré de l’aide[13]. Ces dernières années, cette action donna lieu en Suède et en Norvège à un débat véhément au sujet de l’ambivalence de la neutralité de la Suède pendant la Deuxième Guerre mondiale[14].

Après qu’Himmler eut consenti début avril 1945, à la demande de Bernadotte, de rapatrier de Neuengamme vers la Suède les Danois et Norvégiens malades et à bout de force, plusieurs petits convois de malades furent acheminés par le Danemark. En même temps que le chef supérieur SS et de la police ordonna l’évacuation du camp central le 19 avril, le rapatriement de tous les détenus scandinaves fut permis. Les derniers 4200 détenus du « camp des Scandinaves » quittèrent le camp de Neuengamme en direction de Padborg, au Danemark, à bord de 120 bus et autres véhicules, dont beaucoup avaient été mis à la disposition juste avant par le Danemark. Au total, 6000 détenus danois et norvégiens purent être sauvés de Neuengamme dans le cadre de « l’action des bus blancs ».

L’évacuation du camp central

Les SS commencèrent l’évacuation du camp central dès le départ des derniers détenus scandinaves le 20 avril 1945.

Mais il y eut d'abord un crime, que les SS essayèrent de dissimuler aussi aux détenus[15]. Peu après le départ du dernier bus danois, vingt enfants juifs ainsi que deux détenus néerlandais et deux détenus français affectés comme aides-soignants et médecins à l’infirmerie du camp furent conduits à l’école du Bullenhuser Damm à Hambourg-Rothenburgsort qui avait servi comme Kommando de Neuengamme jusqu’au 11 avril. Le pneumologue Dr Kurt Heißmeyer avait pratiqué des expériences médicales avec le bacille de la tuberculose sur plus de 100 détenus adultes puis, à partir de novembre 1944, sur les vingt enfants. Pour effacer toutes traces, les enfants et les quatre adultes furent pendus dans la nuit du 20 au 21 avril 1945 par des SS dans la cave de l’école. Peu après, 24 détenus soviétiques du Kommando Spalding-straße furent emmenés à l’école et également assassinés.

Dans le cadre de l’évacuation du camp, les SS et la Gestapo assassinèrent aussi d’autres détenus qu’ils considéraient comme particulièrement « dangereux ». Ainsi, 71 détenus de la prison de police de Fuhlsbüttel furent tués le 21 et le 23 avril dans le cachot du camp.

Le chef supérieur SS et de la police Nordsee, von Bassewitz-Behr, qui avait le commandement du camp de Neuengamme dans le cas de l’avancée des troupes ennemies, organisa l’évacuation intégrale du camp central en collaboration avec Karl Kaufmann, le commissaire pour la défense du Reich (Reichsverteidigungskommissar) et responsable régional du parti national-socialiste (Gauleiter) de Hambourg. Leurs décisions et leurs actes doivent être examinés dans l’ensemble des préparations de la fin de la guerre à Hambourg.

Sous l’influence du ministre de l’armement Albert Speer, du commandant de lutte (Kampfkommandant) de Hambourg, le Generalmajor Alwin Wolz, et de représentants influents de l’économie qui craignaient d’autres destructions de la ville, des usines et des chantiers navals déjà très endommagés par les bombardements alliés, Kaufmann s’était résolu, contrairement aux ordres d’Hitler, à livrer la ville sans résistance[16].

Des représentants importants de l’économie hambourgeoise s’étaient consultés dès janvier 1945 au sujet de l’évacuation des détenus de camps de concentration en cas d’avancée des troupes ennemies[17]. Les entreprises qui s’étaient empressées de bénéficier de la main-d’œuvre concentrationnaire étaient alors désireuses de s’en débarrasser. En avril, ils parvinrent à imposer leur position auprès de la direction politique.

Les représentants économiques ainsi que l’administration de la ville craignaient que les travailleurs forcés et les détenus des camps ne pillent la ville après leur libération. En outre, ils redoutaient des représailles de la part des vainqueurs dans le cas où ceux-ci auraient trouvé des détenus mourant de faim et des victimes ayant subi des atrocités. Kaufmann et Bassewitz-Behr étaient donc intéressés de présenter aux Alliés des conditions plus ou moins en ordre.

Comme Bassewitz-Behr ne disposait plus de camps pouvant accueillir les détenus du camp de Neuengamme, Kaufmann proposa leur hébergement sur des bateaux. Lors de la procédure d’enquête menée au sujet de Bassewitz-Behr en 1946, ce dernier déclara :

« Vu que, par le transfert sur des bateaux, la question de trouver des équipements (cuisines, latrines, etc.) – qui, dans le cas de la création d’un nouveau camp, n’aurait à peine pu être réglée aussi rapidement – et la question de la surveillance du camp (aucune clôture nécessaire) semblaient pouvoir être solutionnées facilement, j’ai opté pour cette proposition et ai chargé Pauly [le commandant du camp de Neuengamme] de contacter immédiatement le Reichskommissar pour la navigation maritime [Karl Kaufmann] et d’examiner sur place avec ses représentants la possibilité de l’installation d’un camp temporaire [Ausweichlager] sur ces bateaux. »

L’enfer sur les bateaux concentrationnaires

Du 21 au 26 avril 1945, des transports de plus de 9 000 détenus du camp de Neuengamme atteignirent le port de Lübeck. De là, les détenus furent embarqués sur des bateaux que le Gauleiter Kaufmann avait réquisitionnés en sa qualité de Reichskommissar pour la navigation maritime comme « camps de concentration flottants » : les cargos « Athen », « Elmenhorst » et « Thielbek », ainsi que le « Cap Arcona », un ancien paquebot de luxe. Plusieurs milliers de détenus furent entassés dans les cales des cargos qui n’étaient absolument pas équipés pour une telle fonction. En raison de la surpopulation et de la pénurie de nourriture et d’eau potable, les conditions sur les bateaux étaient indescriptibles.

La Croix-Rouge suédoise parvint à obtenir l’autorisation que deux petits bateaux suédois, qui avaient acheminé des véhicules et des vivres pour l’action des « bus blancs » à Lübeck, puissent emmener à leur retour des détenus français, belges et néerlandais avec eux. Plusieurs centaines de personnes furent alors conduites en Suède à bord du « Lillie Matthiessen » et du « Magdalena » et échappèrent ainsi à la catastrophe.

Le capitaine du « Cap Arcona », Heinrich Bertram, refusa d’abord, soutenu par sa compagnie maritime, d’embarquer des détenus, mais céda sous la menace des SS. À partir du 26 avril, le « Athen » fit la navette entre le port de Lübeck et le « Cap Arcona », incapable de manœuvrer à la suite d’une avarie de machine et ancré dans la baie de Neustadt. Plus de 5 000 détenus furent emmenés à bord du bateau où régnaient des conditions catastrophiques. Devenus à moitié fous de soif et de faim, les détenus végétaient dans leurs excréments. Le nombre de morts augmentait de jour en jour.

Compte tenu des circonstances et de leur connaissance des SS, il n’est pas surprenant que les détenus n’aient pas pu supposer ce qui allait leur arriver. D’après eux, les SS avaient prévu le sabordage des bateaux pour se débarrasser des concentrationnaires – une supposition que l’on retrouve aussi dans les travaux de recherche[18]. Une autre théorie soutient que les SS avaient volontairement préparé un « piège sournois »[19] aux Britanniques et spéculé sur un bombardement des bateaux.

Il n’est cependant pas certain que Bassewitz-Behr et Kaufmann aient fait des projets autres que l’éloignement des détenus de la ville de Hambourg. En fait, l’immersion des bateaux ne semble pas avoir été préparée et la présence de 400 soldats de la marine et de 70 membres de l’équipage seulement sur le « Cap Arcona » étayerait cette hypothèse. Après la guerre, Bassewitz-Behr et Kaufmann déclarèrent aux enquêteurs britanniques qu’ils avaient eu l’intention de remettre les bateaux avec les détenus à la Croix-Rouge suédoise. De cela, il n’existe non plus aucune preuve.

Le 2 mai, quelques heures avant l’entrée des troupes britanniques dans Lübeck, le « Thielbek », qui jusqu’alors était amarré dans le port de Lübeck, fut tiré dans la baie de Neustadt où il jeta alors l’ancre près du « Cap Arcona » et du « Athen ». Plus de 9 000 détenus se trouvaient sur ces trois bateaux alors qu’un quatrième, le « Deutschland », s’apprêtait à en embarquer d’autres.

C’est le 3 mai que la tragédie se produisit : dans le cadre d’une attaque de grande envergure de la Royal Air Force dans les baies de Kiel et de Lübeck, attaque qui devait empêcher le décrochage des troupes allemandes par la mer Baltique, des chasseurs bombardiers britanniques se mirent à bombarder le « Cap Arcona » et le « Thielbek ». Il est prouvé que l’escadron de la Royal Air Force en mission ne savait pas à ce moment-là que des détenus de camps de concentration se trouvaient alors à bord des bateaux.

Seuls les détenus à bord du « Athen » eurent de la chance car le bateau avait juste avant été rappelé au port de Neustadt pour y embarquer d’autres détenus. Ce bateau et les 1998 détenus à bord sortirent presque indemnes de l’attaque aérienne. Pour les plus de 4200 détenus à bord du « Cap Arcona » et les quelque 2800 détenus sur le « Thielbek », l’attaque tourna à la catastrophe. Les deux bateaux furent touchés à plusieurs reprises et prirent feu. Le « Thielbek » coula en peu de temps, le « Cap Arcona » chavira, mais en raison de la faible profondeur de l’eau, il émergeait de l’eau et brûla entièrement. Comme la majorité des détenus étaient enfermés dans les cales, il leur était presque impossible de sauver leur vie. Les membres SS, les soldats de la marine et les membres de l’équipage s’accaparèrent les rares bateaux de sauvetage. Les détenus qui purent sauter dans l’eau n’avaient que peu de chance de survie vu leur grande faiblesse et la température de l’eau de sept degrés. De plus, les pilotes des avions britanniques volant à basse altitude tiraient, ne se doutant de rien, sur les naufragés avec leurs armes de bord – contrairement au droit international. Les actions de sauvetage organisées depuis la côte s’adressaient surtout aux gardes et à l’équipage tandis que les SS et les soldats de la marine de la garnison de Neustadt tiraient sur les détenus qui essayaient de sauver leur peau. Seulement 400 détenus survécurent au bombardement du « Cap Arcona » et du « Thielbek », tandis que 6600 détenus moururent quelques heures avant l’arrivée des troupes britanniques à Neustadt : ils brûlèrent à bord, se noyèrent dans la mer Baltique ou furent abattus alors qu’ils essayaient de se sauver.

Avec le naufrage des bateaux concentrationnaires, les marches de la mort et l’horreur des conditions dans les mouroirs de Bergen-Belsen, de Sandbostel et de Wöbbelin, la fin du camp de concentration de Neuengamme fut un enfer. Le nombre des détenus qui périrent dans les trois dernières semaines de la guerre peut seulement être estimé. Il s’élèverait à plus de 16 000.

L’effacement des traces

Les SS effacèrent délibérément les traces de leurs crimes. Après le départ de la majeure partie des détenus du camp central, un Kommando de 700 hommes dut nettoyer le camp. Des détenus ont témoigné que tous les baraquements furent débarrassés de la paille et des immondices, dans certains cas les murs furent blanchis à la chaux, et les objets témoins tels que la potence furent détruits. En outre, les SS ordonnèrent la destruction de tous les dossiers de la Kommandantur ainsi que tous les autres documents.

Les derniers détenus et les derniers SS quittèrent le camp de Neuengamme le 2 mai. Lorsque, peu de temps après, les soldats britanniques inspectèrent le camp entièrement évacué, il était désert. Certes, les 170 bâtiments témoignaient de la taille du camp, mais les soldats ne tombèrent pas – comme dans d’autres camps centraux – sur des hommes et des femmes squelettiques et sur des montagnes de cadavres. Ainsi, les images d’horreur n’émanaient pas de Neuengamme, mais de Bergen-Belsen, de Sandbostel et de Wöbbelin, de Gardelegen et d’autres lieux de massacres où se sont retrouvés les détenus de Neuengamme. À Neuengamme, le site dissimula largement ce qui s’y était passé. C’est une des raisons pour lesquelles une partie des bâtiments de cet ancien camp fut utilisée après la guerre, et ce durant plus de cinquante ans, comme établissement pénitentiaire et que Neuengamme compte aujourd’hui parmi des camps les moins connus, bien que le nombre de morts soit en pourcentage supérieur à celui d’autres camps de concentration allemands.

 


[1] Ouvrages de base : Detlef Garbe, « Stammlager Neuengamme », in Wolfgang Benz, Barbara Distel (éds), Der Ort des Terrors. Geschichte der nationalsozialistischen Konzentrationslager, vol. 5 : Hinzert, Auschwitz, Neuengamme, Munich, Beck, 2007, pp. 315-346; Amicale de Neuengamme et de ses Kommandos (éd.), Neuengamme. Camp de concentration nazi 1938–1945, Paris, Tirésias, 2010.

[2] Voir Marc Buggeln, Arbeit & Gewalt. Das Außenlagersystem des KZ Neuengamme, Göttingen, Wallstein, 2009, p. 628 et ss.

[3] Voir Thomas Rahe, Arnold Jürgens, « Das Lager II. Bergen-Belsen in den letzten Tagen vor der Befreiung », in Detlef Garbe, Carmen Lange (éds), Häftlinge zwischen Vernichtung und Befreiung. Die Auflösung des KZ Neuengamme und seiner Außenlager durch die SS im Frühjahr 1945, Brême, Temmen, 2005, pp. 95-103 ; Stiftung Niedersächsische Gedenkstätten (éd.), Bergen-Belsen. Kriegsgefangenenlager 1940–1945, Konzentrationslager 1943–1945, Displaced Persons Camp 1945–1950. Katalog der Dauerausstellung, Celle et Göttingen, Wallstein, 2009, p. 224 et ss.

[4] Déposition de Max Pauly du 30 mars 1946, The National Archives, Londres, WO 309/408.

[5] Voir Klaus Volland, « Das Stalag X B Sandbostel als Auffanglager für KZ-Häftlinge », in Detlef Garbe, Carmen Lange, Häftlinge zwischen Vernichtung und Befreiung, op. cit., pp. 117-125.

[6] Voir Ulf Lüers, « “Die Toten über Bord geworfen …” KZ-Häftlingstransporte nach Flensburg im April/Mai 1945 », in Stadtarchiv Flensburg et al. (éd.), Verführt. Verfolgt. Verschleppt. Aspekte nationalsozialistischer Herrschaft in Flensburg 1933–1945, Flensburg, Stadtarchiv, 1996, pp. 276-323.

[7] Voir Carina Baganz, Ten weeks concentration camp Wöbbelin. A concentration camp in Mecklenburg/Germany in 1945, Wöbbelin, Mahn- und Gedenkstätten Wöbbelin, 2000.

[8] Voir Diana Gring, « Todesmärsche und Massaker in der Endphase : Ansätze zur Spezifizierung und zur kriminalphänomenologischen Einschätzung am Beispiel der NS-Verbrechen von Gardelegen im April 1945 », in Detlef Garbe, Carmen Lange, Häftlinge zwischen Vernichtung und Befreiung, op. cit., pp. 155-165 ; voir aussi le chapitre « Des pommes de terre, tu n’en as plus besoin », in Daniel Blatman, Les Marches de la mort. La dernière étape du génocide nazi : été 1944-printemps 1945, Paris, Fayard, 2009, pp. 333-361.

[9] Voir les recherches récentes au sujet de Celle, Bernhard Strebel, Celle April 1945 revisited. Ein amerikanischer Bombenangriff, deutsche Massaker an KZ-Häftlingen und ein britisches Gerichtsverfahren, Bielefeld, Verlag für Regionalgeschichte, 2008.

[10] Lüneburger Zeitung, 11 avril 1945, p. 1 ; voir Immo de Vries, Kriegsverbrechen in Lüneburg. Das Massengrab im Tiergarten, Lüneburg, Geschichtswerkstatt Lüneburg, 2000.

[11] Voir Dietrich Banse, « 14. April 1945: Der Tag der Befreiung des Außenlagers Salzwedel aus der Sicht der Befreiten, der Befreier und der Bevölkerung von Salzwedel », in Detlef Garbe, Carmen Lange, Häftlinge zwischen Vernichtung und Befreiung, op. cit., pp. 87-93.

[12] Voir Manfred Warnecke, « “Und plötzlich war es so, als hätten wir all unser Grauen abgeschüttelt”. Die Rettungsexpedition “Weiße Busse” im Frühjahr 1945 », in Internationale wissenschaftliche Korrespondenz zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung 40 (2004), 4, pp. 488-509 ; Michael Grill, « “Neuengamme war die erste Etappe auf dem Weg in die Heimat und in die Freiheit” – Das Skandinavierlager in Neuengamme und die Rückführung der skandinavischen Häftlinge mit den “Weißen Bussen” », in Detlef Garbe, Carmen Lange, Häftlinge zwischen Vernichtung und Befreiung, op. cit., pp. 185-215 ; Oliver von Wrochem (éd.), Skandinavien im Zweiten Weltkrieg und die Rettungsaktion Weiße Busse : Ereignisse und Erinnerung, Berlin, Metropol, 2012.

[13] Ici se confirma – comme le soutient Katharina Hertz-Eichenrode – « un vieux principe du fonctionnement des camps de concentration : l'aide et le sauvetauge pour les uns étaient en général uniquement possibles au détriment des autres détenus sauf que, dans ce cas précis, une institution extérieure, la Croix-Rouge, devint, sans le vouloir, complice des SS », voir Katharina Hertz-Eichenrode, « Die Auflösung des KZ Neuengamme im Frühjahr 1945 », in Katharina Hertz-Eichenrode (éd.), Ein KZ wird geräumt. Häftlinge zwischen Vernichtung und Befreiung. Die Auflösung des KZ Neuengamme und seiner Außenlager durch die SS im Frühjahr 1945. Katalog zur Wanderausstellung, vol. 1, Brême, Temmen, 2000, pp. 31-63, ici p. 51.

[14] Voir Izabela A. Dahl, « Die “Weißen Busse” und Folke Bernadotte. Zur Rezeption der Hilfsaktion in Deutschland und Skandinavien », in Dachauer Hefte 24 (2008), pp. 203-219 ; Claudia Lenz, « Vom Heldentum zum moralischen Dilemma. Die “Weißen Busse” und ihre Deutungen nach 1945 », in Herbert Diercks (éd.), Hilfe oder Handel ? Rettungsbemühungen für NS-Verfolgte, Brême, Temmen, 2007, pp. 68-80.

[15] Voir Günther Schwarberg, Der SS-Arzt und die Kinder vom Bullenhuser Damm, Göttingen, Steidl, 2001 ; Iris Groschek, Kristina Vagt : « … dass du weißt, was hier passiert ist ». Medizinische Experimente im KZ Neuengamme und die Morde am Bullenhuser Damm, Brême, 2012 ; KZ-Gedenkstätte Neuengamme (éd.), Le Mémorial de Bullenhuser Damm. Le lieu, les victimes et le travail de mémoire, Hambourg, KZ-Gedenkstätte Neuengamme, 2014.

[16] Voir Manfred Asendorf, 1945. Hamburg besiegt und befreit, Landeszentrale für Politische Bildung, Hambourg, 1995 ; Frank Bajohr, « Hamburgs “Führer”. Zur Person und Tätigkeit des Hamburger NSDAP-Gauleiters Karl Kaufmann (1900–1969) », in Frank Bajohr/Joachim Szodrzynski (éds), Hamburg in der NS-Zeit. Ergebnisse neuerer Forschungen, Hambourg, Ergebnisse-Verlag, 1995, pp. 59-91.

[17] Voir Karl-Heinz Roth, « Ökonomie und politische Macht. Die “Firma Hamburg” 1930–1945 », in Angelika Ebbinghaus, Karsten Linne (éds.), Kein abgeschlossenes Kapitel. Hamburg im 3. Reich, Hambourg, Europäische Verlagsanstalt, 1997, pp. 15-176, ici p. 132 et ss.

[18] Wilhelm Lange, Cap Arcona – Das tragische Ende einiger Konzentrationslager-Evakuierungstransporte im Raum der Stadt Neustadt in Holstein am 3. Mai 1945. Dokumentation, Eutin, Neustadt in Holstein, Struves Buchdruck, 2005, p. 105. Concernant la discussion de la position de Lange et les arguments contre une intention des SS de faire couler les bateaux, voir Herbert Diercks, Michael Grill, « Die Evakuierung des KZ Neuengamme und die Katastrophe am 3. Mai 1945 in der Lübecker Bucht. Eine Sammelrezension », in Kurt Buck (éd.), Kriegsende und Befreiung, Brême, Temmen, 1995, pp. 175-183.

[19] Dépliant « Cap Arcona 3. Mai 1945. Gedenkstätten/Museen/Friedhöfe », édité par Förderkreis Cap Arcona-Gedenken, Grevesmühlen, 2009.

 

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